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Un schéma gérontologique, pourquoi ? Comment ?

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Notre commune de Questembert est plutôt bien dotée en matière de services en direction des personnes âgées. Ce domaine est une des compétences sociales du département, mais la commune est un acteur majeur dans le dispositif. Au moment où le Conseil Général lance une réflexion sur son prochain gérontologique, il est intéressant de faire le point sur notre situation locale.

Nous avons initié, il y a plus de 10 ans, le portage de repas à domicile qui est assuré par AMPER avec des repas préparés à la cuisine de Beausoleil. Nous avions obtenu à la même époque la création d’un Service de Soins Infirmiers à Domicile, qui fonctionne en partenariat avec les cabinets infirmiers privés. Le service d’aides ménagères qui s’appelle aujourd’hui Service d’Aide et d’Accompagnement à Domicile (SAAD) est rattaché au CCAS ; il s’est largement développé sous la direction de Françoise Nardon : de gros efforts ont été faits pour la professionnalistion des Auxiliaires de Vie Sociale.

A côté de ces outils de maintien à domicile, nous disposons en matière de logement de la Résidence Louis Thomas, construite du temps de la municipalité de B. Thomyre au début des années 90. Le Foyer-Logement vient d’être racheté par le CCAS en prévision d’une rénovation. Quant à la Maison de Retraite toute neuve, elle a remplacé l’ancien établissement construit en 1960. Vous avez peut-être remarqué que le journal Ouest-France a publié il y a quelque temps un classement des maisons de retraite : la nôtre est classée parmi les meilleures du Morbihan.

Et plus récemment, la Communauté de Communes a répondu aux demandes du Conseil Général et a mis en place un relais gérontologique, lieu d’information pour les professionnels, mais surtout pour les personnes âgées et leurs familles. Le relais gérontologique de Questembert est animé par Sylvaine Le Page, et Patrice Le Penhuizic, maire de Lauzach et vice-président de la Communauté, en assure la responsabilité. Nous regrettons cependant que la contribution du conseil général ne représente que le tiers des dépenses du relais gérontologique communautaire : la communauté met en oeuvre une politique départementale et en finance une grosse part sur ses propres ressources.

Le schéma gérontologique départemental

La commune et la communauté, dans leur action auprès des personnes âgées, étaient partenaires du Conseil Général, dans le cadre du schéma gérontologique départemental 2006-2010 qui vient à terme. C’est pourquoi le CG lance ces temps-ci une réflexion pour définir le schéma gérontologique des cinq prochaines années. S’appuyant sur le bilan du schéma précédent, il souhaite élaborer les grandes thématiques qui devront être arrêtées au débat d’orientation budgétaire du mois de novembre. Après une réunion à l’hôtel du département destinée aux présidents de communautés de communes, il organise des réunions sur des secteurs géographiques : à Vannes puis à Malestroit le 27 avril pour ce qui est de l’Est du département.

Quelle idée force ?

L’élaboration du schéma précédent (2006-2010) avait déjà fait l’objet de critiques sur le manque de concertation ; peu d’acteurs de terrain avaient été associés au travail réalisé essentiellement par des techniciens du département. Surtout, il manquait une idée force, quelque chose comme « penser une vieillesse heureuse ». Les mêmes craintes apparaissent aujourd’hui. On ne perçoit toujours pas la charpente, l’utopie qui donneraient du sens au projet. Et cette fois encore, la concertation semble réduite à la portion congrue : elle a à peine commencé, et les conclusions doivent être prêtes pour octobre, avant le parcours habituel des dossiers à traiter à la session de novembre. Un calendrier de 6 mois, dont les mois d’été. Ce calendrier très resserré peut donner à penser que tout est bouclé d’avance.
Beaucoup craignent qu’en fait les conclusions ne soient déjà tirées, les réunions de tel ou tel comité, autour de telle ou telle thématique, ne servant qu’à faire accepter des décisions déjà prises.

De méchantes langues ont même insinué qu’il fallait un dossier bien ficelé pour que les candidats aux élections de mars 2011 puissent en tirer argument devant les électeurs. Cette hypothèse tomberait si le schéma prévoyait une programmation glissante, une adaptation annuelle en fonction des résultats et fondée sur la même démarche de concertation.

Ainsi, alors que le projet doit s’appuyer sur les communautés de communes ou d’agglomération, deux seulement sont invitées au comité de pilotage. Les professionnels de santé se plaignent de ne pas y être associés, de même que les acteurs de terrains que sont les animateurs des relais gérontologiques, ou les responsables de services aux personnes âgées. Sans compter que les personnes âgées, concernées au premier chef, ne sont associées qu’à travers des groupes institutionnels.

Deux ou trois thèmes ont été présentés avec insistance au cours des premières réunions. La question du logement est certainement essentielle. Des adaptations sont à prévoir en fonction de la perte d’autonomie ; il faut aussi améliorer la qualité de ces logements, comme le prévoir la Communauté de Communes à travers l’OPAH. Parmi les alternatives au domicile, les promoteurs du schéma insistent sur les « domiciles partagés » : une grande maison – en fait deux maisons en une – qui accueille des personnes désorientées avec l’appui d’auxiliaires de vie. Cette innovation est intéressante, mais est-il raisonnable de penser que des « personnes désorientées » peuvent assumer toutes les responsabilités d’employeur ? Et comment évolue le parcours de vie lorsque la dépendance s’accroît et que l’autonomie disparaît ?

La mobilité, les déplacements sont une autre des questions cruciales. Comment concilier le maintien à domicile, que tout le monde souhaite, avec un accès facile aux commerces, aux services de santé ? Comment fait-on lorsque la maison est dans un hameau loin de la ville ? Les territoires ruraux sont les plus concernés et pourtant dans le comité de pilotage prévu par le CG pour le projet de schéma gérontologique, c’est la communauté de Pontivy qui est censée représenter la ruralité.

Enfin, il faut se demander qui paiera ! La question apparaît au détour de la cinquième orientation : Maîtriser l’amélioration de l’offre, en veillant à son accessibilité financière. Loin de moi l’idée qu’il y a une réponse simple. Dans ce domaine-là, comme dans toutes les problématiques posées par l’élaboration du schéma gérontologique, il faut mettre toutes les bonnes volontés autour de la table pour dégager les meilleures réponses. Et pas dans une concertation réduite à quelques mois et à une poignée de spécialistes, fussent-ils les plus éminents.

Publié le dimanche 9 mai 2010, par Paul Paboeuf.

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