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Maire et autres élus, un dur métier

Y réfléchir et s’y préparer

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Préparer 2020, tel était, cette année, le thème de l’assemblée générale de l’ARIC, une association pluraliste d’élus qui s’est donné comme objectif d’accompagner les élus dans leur formation (indispensable !) et dans l’élaboration de leurs projets. En conclusion de l’assemblée générale, Christian Le Bart, professeur de Sciences Politiques à Sciences Po Rennes a donné une brève conférence Le maire français au coeur du changement social.

Pour ma part, j’ai pris quelques notes que j’ai confrontées avec mon expérience d’élu et je vous en propose une synthèse.

Voir en ligne : Le site de l’ARIC

Christian Le Bart a fourni un texte de 2 pages en résumé de son intervention. Ce texte sera diffusé dans la lettre de l’ARIC, mais il est déjà disponible ici sur le site de l’association.

Sans revenir sur le poids de plus en plus lourd des inégalités territoriales (il faudra en reparler), le maire, et les élus dans leur ensemble, doivent répondre à des exigences « déterritorialisées. »

Nous avons quitté la société du voisinage qui s’est prolongée jusqu’à la fin du XXème siècle, une société où presque tout le monde connaissait tout le monde, où la notabilité s’héritait plus qu’elle ne se gagnait. Au point que si l’on voulait faire le portrait d’une femme élue, il suffisait souvent de dire qu’elle était la fille de, ou la petite-fille... d’une lignée de notables !

Nous vivons aujourd’hui dans l’hypermobilité : mobilité quotidienne des migrations pendulaires au point que certains parlent de démocratie du sommeil : « je vote où je dors » ! mais aussi mobilité du week-end, ou encore, mobilité domiciliaire au gré des emplois ou du parcours résidentiel, sans parler de la mobilité « conjugale ».

Donc les habitants se sentent moins attachés à un territoire ; et dans le même temps se sont construits d’autres liens par les multiples réseaux, et pas simplement par ce qu’on appelle les « réseaux sociaux » ; communautés de passionnés de surf ou de randonnées, de bricolage ou de floriculture, communautés d’usagers de logiciels libres ou d’amateurs de tulipes.

Une anecdote qui illustre bien ce changement radical. Hier encore, un jeune de Questembert qui souhaitait jouer au foot choisissait selon sa famille, son école, le maillot jaune et noir de la BO ou le rouge et noir de l’USQ (et non pas l’USPQ, comme on l’a entendu aux obsèques de Youcef !) et le choix était quasi définitif ; rares étaient les transfuges, et plus rares encore les départs vers les grands clubs de Vannes ou de Rennes. Aujourd’hui, le mercato conduit le jeune d’un club à l’autre sans lien avec le territoire d’origine.

Plus récemment, les parcours résidentiels ont montré l’ampleur des changements : tel couple arrive à Questembert en location (proximité de la gare pour rejoindre les emplois), décide ensuite de construire une maison, puis de vendre pour racheter une résidence dans la banlieue plus chic de Vannes. Sans jamais s’impliquer dans la vie locale.

Cependant, où que vous soyez, vous attendez les mêmes services : la verdure et la tranquillité de la campagne profonde et en même temps, les hôpitaux les plus performants, le très haut débit pour internet et des transports publics aussi denses que dans les grandes agglomérations. La demande sociale s’est standardisée, elle s’est polarisée sur les attentes de l’individu : une bonne école pour mes enfants, si possible jusqu’au bac, des loisirs sportifs et culturels, et des voisins sans problème (c’est-à-dire sans ados à scooters pétaradants, par exemple).

Ce qui allait de soi s’efface devant des interrogations béantes : qu’est-ce qu’une commune aujourd’hui ? Comment se sent-on citoyen d’une commune ? Comment peut-on affirmer une « vocation municipale » ? Comment peut-on être un élu de terrain quand tous les citoyens sont désormais hors sol ?

Quant à la relation du citoyen avec l’élu, elle ressemble de plus en plus à celle du consommateur face au fournisseur, ou pire, à celle du supporter avec l’entraîneur du club, à celle du téléspectateur armé de sa zappette. D’ailleurs, parmi les revendications à la mode, vous avez noté le droit à la destitution de l’élu. Et hop, te voilà élu ; et hop, à la trappe, comme disait le Père Ubu ! « La roche tarpéienne est proche du capitole » disaient les Romains, mais c’est pareil. « You are fired » disait Trump dans son show à la télé américaine (il le dit toujours à la Maison Blanche).

Il est loin le temps où le maire, comme le curé ou l’instituteur, représentant une autorité incontestée : « Ce sera comme Monsieur le Maire voudra ». Aujourd’hui, c’est au minimum la défiance, sinon l’insolence, quand ce n’est pas «  balance ton maire ».

De bonnes raisons sans doute qui expliquent un nombre plus important ces temps-ci de démissions de maires et de conseillers municipaux. Et rien de bien motivant pour éveiller des vocations futures.

Si les habitants se sentent aujourd’hui peu enracinés, sinon sans racines, les élus eux-mêmes peuvent-ils être différents ?

Dès lors, il faut peut-être espérer que de nouveaux candidats se présenteront avec une vision différente : plus de projet de carrière à long terme, mais un mandat envisagé comme une sorte de CDD qui corresponde à une mission et qui apporte un épanouissement personnel, au risque de la déception qui conduit à la démission.

Pourtant, la parité imposée par la loi pourrait amener une nouvelle façon d’aborder le rôle d’élu(e) : plus investies, plus motivées, elles seront mieux à même de porter des projets collectifs mieux adaptés aux attentes multiples des citoyens. « la femme est l’avenir de l’homme, » disait le poète ; sera-t-elle l’avenir de nos démocraties locales ?

Publié le dimanche 23 décembre 2018, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Monsieur GOULARD EST UN MAGICIEN
    Le Président du Département a sorti de son chapeau magique un collège tout neuf pour la rentrée scolaire 2021. C’est au moins de l’incompétence, au pire un gros mensonge sur la date.
    En effet, comment annoncer la réalisation d’un équipement public aussi important en 2 ans, sans :
    1) disposer du terrain nécessaire (2 à 3 hectares)
    2) avoir retenu un architecte après concours
    Comment ?
    Etre maire et autres élus, ce n’est donc pas seulement un dur métier...

    Répondre à ce message

    • On peut ajouter à votre message d’autres interrogations :
      1 - Madame le Maire n’était pas au courant (vice-présidente au CD) ?
      2 - Le nouveau collège devra coexister avec l’ancien pendant la durée des travaux
      3 - Ce nouveau collège devra être proche des infrastructures existantes (stade, salles de sport ...)
      4 - A ce que je sache le département ne maîtrise pas le foncier (ville ...)
      5 - Quid du PLU ? (emplacement non prévu ...)
      Mais je ne veux pas être que négatif et je ne peux que me réjouir que la ville de Questembert bénéficie d’un nouveau collège et je n’en doute point, fera le nécessaire pour faciliter son implantation !

      Répondre à ce message

  • je ne vois qu’un seul terrain disponible immédiatement : le terrain de rugby !!!!!!

    Répondre à ce message

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