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Et si on disait du bien de l’Europe ?

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A écouter les têtes de liste aux élections, à lire leurs publications, vous avez l’impression que l’Europe se résume à ses défauts ou, pire, qu’elle est la source de toutes nos misères et qu’elle pourrait même nous engloutir définitivement das son naufrage. Les médias ne sont pas en reste, reprenant sans trop d’analyse les clichés sur les directives ineptes pondues par des technocrates hors sol aux ordres d’une Commission européenne sans légitimité démocratique. Heureusement, depuis ce lundi, le quotidien Ouest-France a ouvert une série très éclairante sur l’action de l’Europe au plus près de nos territoires.

Le 19-20 du 20 mai sur France 3

Après un résumé des positions des candidats sur la question des migrants, le journal de F3 (à voir ici) ouvre une séquence sur l’influence de l’Europe dans notre vie quotidienne (à partir de 11 mn 30) et les clichés s’enfilent comme les nouilles sur le collier de la fête des mères : les « normes » ridicules appliquées à une agriculture qui n’en peut mais, fabriquées par une armée de fonctionnaires (qui prennent leur temps : 3 à 4 ans), transposées en France par des parlementaires qui n’y croient pas vraiment ! Enfin, quand même l’un d’eux parle de la transposition de disposition concernant le miel... À l’heure où des miels frelatés nous arrivent d’un peu partout (et peut-être même de chez nous !), il est bon de rappeler que le miel est produit... par les abeilles !

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Des normes ridicules, n’est-ce pas ?

Pour trop d’élus : quand ça ne va pas, c’est la faute à l’Europe !

Malheureusement, nos élus renvoient trop souvent leurs problèmes ou leurs échecs vers Bruxelles, vers la Commission Européenne. Rien de surprenant, ce jeu de défausse est habituel : le député-maire – il n’y en a plus aujourd’hui heureusement – critiquait localement la loi qu’il avait votée à l’Assemblée Nationale, affirmant sans vergogne que cette loi avait été rédigée par des technocrates sans connaissance de des réalités.

Trop souvent, les élus oublient de signaler, en coupant le ruban de l’inauguration, que ce nouvel équipement a été cofinancé par des fonds européens. Caricaturer l’action de l’Europe, la passer sous silence quand elle est favorable, comment voulez-vous que le citoyen lambda en ait une vue positive ?

La construction de la paix

Oui, c’est un lieu commun, mais il faut le rappeler ! Dix années de guerre sur les 50 premières du XXème siècle ! Pour notre continent dévasté, Il était temps d’évoluer de la confrontation à la coopération. Et, pour préserver la paix, il est nécessaire d’imaginer sérieusement une défense européenne face aux menaces à peine voilées des trois empires dominants d’aujourd’hui, la Russie de Poutine, la Chine de Xi Jinping et l’Amérique de Trump.

La Politique Agricole Commune

Il est de bon ton de critiquer la PAC, de souligner qu’elle favorise les plus grosses exploitations – c’est sans doute vrai – qu’elle ne soutient pas suffisamment une agriculture plus respectueuse de l’environnement – c’est vrai aussi - encore faut-il reconnaître que, sans les fonds européens, l’agriculture française serait en grande difficulté : « Sans les aides PAC, il n’y aurait plus de revenu agricole. Elles représentent 47 % du revenu des agriculteurs français en moyenne, » affirme un député européen. Plus près de nous, il suffit de regarder les données diffusées par le ministère de l’agriculture pour évaluer les sommes que cela représente pour notre territoire.

En mai 2018, le journal Le Monde a publié un article de synthèse sur le sujet : c’est éclairant.

Les programmes de développement local : LEADER, FEADER et autres

Ces fonds visent à réduire les disparités territoriales en favorisant les zones « en retard de développement. » Ils sont désormais gérés par la Région en coordination avec les « pays », les agglomérations et les communautés de communes. C’est une enveloppe de 120 M€.

Pour les zones rurales, le programme LEADER est à répartir en fonction des projets proposés par les groupes d’action locale et validés par les Comités Uniques de Programmation (CUP) formés d’élus et d’acteurs de la société civile. A lire ici et là.

Le Fonds Social Européen

Presque tous les candidats appellent de leurs vœux une Europe sociale, sans jamais noter qu’au moins sur certains points – pas assez évidemment – l’Europe a une action sociale ! Six milliards d’euros sont alloués à la France pour la période 2014-2020. Cet argent va aux Régions (35%) pour la formation professionnelle et l’apprentissage, les départements en reçoivent une part également au titre de leurs compétences sociales. Ainsi le chantier d’insertion Nature et Patrimoine bénéficie d’un financement du FSE : près de 30 K€, soit 50 % du budget de l’action (en dehors des salaires des bénéficiaires qui sont pris en charge par l’Etat).

Un déficit de connaissance

Il est vrai qu’on ne parle pas assez de l’action de l’Europe. Quant à l’action des députés européens, elle est très mal connue, sauf lorsqu’il est question des frasques de certains, peu nombreux, qui en profitent pour ne rien faire ou pour financer leur propre parti en détournant les fonds normalement dédiés à leurs assistants parlementaires.

Si l’on connaît si mal le travail des députés européens, c’est sans doute un peu leur faute : combien d’entre eux font l’effort de communiquer sur les enjeux en débat et sur leurs positions ? Faut-il attendre la veille des élections pour présenter le bilan de leur action ? Du temps où il était député européen, Bernard Poignant diffusait très régulièrement une lettre très pédagogique qui présentait les questions du jour tout en élargissant le cadre. Un autre temps.

A la faveur de la campagne, les médias ont présenté des éléments de bilan, comme ici

Et puis, il y a ceux qui n’ont rien fait ou si peu...

Un système démocratique, pourtant !

Bureaucratique, lointaine, soumise aux lobbies, les critiques fusent de toutes parts. Malheureusement, ces critiques empêchent de voir les points positifs : les députés élus sont malgré tout représentatifs de leurs pays. Ils parviennent à construire des compromis qui font avancer l’Europe. Mais trop souvent, ceux qui ont refusé d’entrer dans la négociation ou qui n’ont pas réussi à faire valoir leur point de vue... parce qu’ils ne l’ont pas bien défendu ou, simplement, parce qu’ils sont minoritaires, crient au déni de démocratie. Ils devraient y réfléchir.

Une citation de la lettre politique de Laurent Joffrin en conclusion : Pour construire une maison, quelle qu’elle soit, rose, verte ou bleue, on n’embauche pas des démolisseurs.

Publié le jeudi 23 mai 2019, par Paul Paboeuf.

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