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Solidaires, nous avons tous à y gagner

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La commune vient de renouveler son marché de restauration scolaire, ce qui va se traduire par une augmentation du coût du repas. Pourtant, les tarifs facturés aux familles ne seront pas augmentés, alors que déjà les recettes ne couvraient pas la totalité de la dépense communale. Un exemple de choix politiques fondés sur la solidarité. Cette valeur est aujourd’hui mise en cause dans beaucoup de domaines, particulièrement la santé, l’éducation, l’emploi. Et pourtant nous avons tous à y gagner.

Oui, c’est vrai, les familles qui font déjeuner leurs enfants dans nos restaurants scolaires ne paient pas la totalité de la facture : nous utilisons une part des recettes fiscales pour couvrir les coûts. Nous avons même une gamme de tarifs en fonction des revenus de la famille : plus les revenus sont faibles, plus le tarif appliqué est faible. C’est un choix parfaitement assumé : cela permet aux parents de travailler tous les deux, et, parfois, les enfants ont ainsi leur seul vrai repas équilibré de la journée.

Les bénéfices indirects de ces politiques en faveur des familles sont incontestables (voir l’article Action sociale, ça coûte ? Non, ça rapporte) Mais ils ne sont pas forcément perceptibles à première vue. D’où l’importance d’expliquer et de réexpliquer.

D’autant que le discours ambiant est de mettre en avant l’individualisme, le chacun pour soi, sous couvert de marquer la responsabilité individuelle. En sens inverse, toute politique de solidarité conduirait obligatoirement à des comportements d’assistés. D’où le démantèlement systématique de ces politiques.

Par exemple, dans le domaine de la santé, la mise en place des franchises médicales. Et le ballon d’essai lancé par le directeur général de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie préfigure sans doute ce qui va être mis en place bientôt : réduire le remboursement des traitements des affections de longue durée. Le modèle visé est probablement celui des Etats Unis : payez si vous voulez être soignés ! Et soyez prévoyants, payez-vous - si vous en avez les moyens - une assurance privée. Pourtant, on sait que les dépenses totales de santé aux USA sont plus élevées que chez nous, avec des inégalités criantes.

Pour l’éducation, la démarche est assez comparable : réduction des moyens publics, suppression de la carte scolaire. L’appauvrissement du service public (en y incluant l’enseignement privé sous contrat !) va conduire les familles à chercher des solutions individuelles si elles en ont les moyens !

La politique de l’emploi est marquée des mêmes présupposés idéologiques : le chômeur est sûrement un fainéant, responsable de sa situation, et il sera puni s’il refuse ce qu’on ose appeler une « offre valable d’emploi », c’est-à-dire un emploi payé au-dessous de la qualification à des kilomètres de chez soi...

Sans parler du RSA (Revenu de Solidarité ! Active) qui va être partiellement financé par la réduction de la prime pour l’emploi que recevaient les salariés aux faibles revenus : on va prendre aux pauvres pour donner aux plus pauvres encore.

La liste est longue de ces politiques qui minent la solidarité... Et de l’autre côté, les plus riches eux bénéficient du bouclier fiscal. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est M. Carrez, député UMP, qui le dit dans un rapport à l’Assemblée Nationale (lire le rapport) Sur les 234 000 foyers qui vont recevoir un remboursement, un peu moins de 206 000 déclarent des faibles revenus. Je dis bien : déclarent. Car la plupart du temps, il s’agit de la bonne utilisation des niches fiscales qui leur permet de réduire les revenus déclarés. Mais pour les plus gros patrimoines, c’est un cadeau : 1080 foyers vont toucher plus de 270 000 euros ! La collectivité va dépenser 272 millions d’euros pour eux. Voilà la nouvelle conception de la solidarité. Mais ce n’est pas celle de la majorité des Français.

Les effets du bouclier fiscal

Publié le lundi 7 juillet 2008, par Paul Paboeuf.

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