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Mondial de football : l’outrage à nos valeurs

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Serait-ce un sujet trop futile de s’arrêter sur le fiasco de l’équipe de France au Mondial de football ? Alors que d’autres problèmes mériteraient sûrement plus d’attention, à commencer par la question des retraites, ou par la situation financière de notre pays, sans oublier la régulation des marchés mondiaux ni le réchauffement climatique. Pourtant ce qui s’est passé en Afrique du Sud me semble révélateur de la dégradation de nos valeurs républicaines.

La Bogue d’or, l’éducation populaire, le rayonnement de notre ville

Il y a quelque temps, invité à l’assemblée générale de la section foot de la BO, je leur disais que les rares fois où j’avais pu assister à des matches cette saison, j’y avais trouvé beaucoup de plaisir, parce que l’équipe cherchait à faire du beau jeu, tout en se battant pour la victoire. Je leur disais aussi que je voyais là la marque de leur fidélité au projet éducatif de l’association. Et bien sûr, par leur action, ils contribuaient au rayonnement de notre ville.

Les fonctions sociales du sport sont bien connues, les aspects économiques et l’effet sur le développement local le sont moins. Pourtant, cela correspond à une réalité, Devant le Comité des Régions, le 14 avril à Bruxelles, Michel Platini affirmait l’importance sociale du football et du sport en général (à lire ici) : « C’est vrai que la nation exalte et que l’Europe motive mais je dirais que la région structure et la commune enracine. C’est aussi vrai dans le football : la sélection en équipe nationale exalte, l’Euro, la Champion’s League sont très motivants mais au départ, on joue dans son championnat régional, pour le club de son enfance ! » Il se félicitait aussi que l’accueil des grands rendez-vous de football soient désormais perçu comme des vitrines touristiques permettant le développement économique des villes européennes. Toutes proportions gardées, la réussite de notre club de football contribue à notre réussite collective.

La main de Thierry Henry : pas vu, pas pris

Bien sûr les grands aînés, ou les champions font rêver et poussent les jeunes à copier leurs gestes techniques, mais aussi leurs postures, leur comportement sur le terrain ou dans la vie. Les coups-francs de Platini, au ras du mur défensif, les roulettes de Zidane qui affolaient l’adversaire, l’ardeur de Rocheteau, ou encore l’abnégation de Lilian Thuram, tout cela pouvait inspirer les gamins qui venaient à l’école de foot avec Yannick, Michel, ou Laurent sur la pelouse du Galinio.

Ils y apprenaient le respect de l’autre, partenaire ou adversaire, le respect des règles, En somme, ils y apprenaient la citoyenneté, le sens du collectif. L’équipe de France qui vient de se faire éliminer piteusement de la coupe du monde semble avoir oublié toutes ces valeurs, à l’exception de quelques individualités.

D’ailleurs, si cette équipe a pu participer à ce grand rendez-vous sportif, c’est après avoir gagné - volé plutôt - le match contre l’Irlande sur un but marqué grâce à une faute de main. Et qu’a-t-on entendu alors ? Seul le résultat compte ! Mme Bruni-Sarkozy leur a même apporté son soutien : « Pas vu, pas pris ! » Drôle de morale. Mais ce geste - qui n’était sans doute qu’un réflexe - est révélateur de la mentalité qui prévaut aujourd’hui dans les hautes sphères du football. Et gare à celui qui ne veut pas jouer totalement ce jeu de racailles : la mise à l’écart de Gourcuff, un des rares à avoir gardé le goût du beau jeu, est significative.

Casse-toi pauv’con !

On a été surpris de la conduite d’Anelka, qui a insulté Domenech, mais déjà en 2003, après avoir été sanctionné par le sélectionneur de l’époque, Santini, il disait : « Qu’il s’agenouille devant moi, s’excuse d’abord, et après je réfléchirai », Le respect ne se décrète pas, il se mérite, sauf dans le milieu des bandes, le milieu des « cailleras » où règnent la morgue, l’intimidation. Nous voilà bien loin des valeurs éducatives que prônent nos clubs d’amateurs. Mais l’exemple de l’arrogance, du mépris de l’autre, ne vient-il pas d’en haut ?

Ces joueurs en tout cas, qui portent les couleurs de l’équipe de France, ne s’intéressent pas au pays, à ce qui s’y vit ; ils ne pensent qu’à leurs avantages personnels. Mais sont-ils si différents de nos élites qui justifient l’exil fiscal, qui ne mesurent la qualité des hommes et des femmes qu’à la montre qui peut-être orne leur poignet ?

Et voilà ce qui se chante en Angleterre, écoutez sur Youtube et le refrain dit ; « At least, we’re not as bad as France ! » « Au moins on n’est pas aussi mauvais que l’équipe de France ! »

Publié le mercredi 30 juin 2010, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Deux milions de personnes dans les rues contre la réforme des retraites, et Sarkozy recoit Thierry Henry..

    quand pensez-vous ?

    Répondre à ce message

  • Beaucoup de bla bla, sur le foot. Le président reçoit un gréviste, les ministres et les députés sen mêlent

    mais la question des retraites, de l’injustice criante de la réforme présentée par woerth (pour qui travaille-t-il celui-la ?), personne n’en parle vraiment. c’est la-dessus que vous devriez faire un éditorial.

    Répondre à ce message

  • Voilà ce que dit Le Temps (suisse) repris par Courrier international

    Il n’y a pas que les Bleus qui dérapent

    L’équipe de France de football n’est pas la seule à jouer avec les règles, se défausser, crier à la dénonciation et fuir leurs responsabilités. Le gouvernement français, ces jours-ci, offre une image bien peu reluisante.

    Le ministre du Travail français n’est sans doute pas mécontent que le Waterloo des Bleus occulte temporairement une affaire qui écorche son image. Avant de se coltiner le dossier des retraites, Eric Woerth était responsable du Budget, un poste clé dans le gouvernement de la République. Son titulaire traque les fraudeurs fiscaux et bénéficie d’une marge de manœuvre suffisante pour conclure avec les déserteurs de l’impôt des arrangements à l’amiable. Il a été appelé, en 2007, par Nicolas Sarkozy à occuper ces délicates fonctions. Est-ce un hasard si, à la même époque, son épouse, Florence Woerth, versée dans la finance, a été associée à la gestion des biens de Mme Liliane Bettencourt, héritière du fondateur de L’Oréal ? Cette octogénaire pluri-­milliardaire a placé en Suisse et ailleurs une partie de sa fortune. Est-ce une coïncidence si l’annonce par Mme Crésus du rapatriement des magots planqués à l’étranger a précédé d’une vingtaine de minutes celle de la démission de sa conseillère, laquelle affirme avoir tout ignoré des libertés prises par sa patronne avec le fisc ?

    Il ne suffit pas à la France d’être la risée de l’univers footballistique. Son équipe gouvernementale en rajoute. Un ministre, amateur de havanes, en a fait payer l’achat par l’Etat [Christian Blanc, secrétaire d’Etat au Développement de la région capitale]. Tel autre a « bidouillé » un permis de construire pour agrandir sa villa de Saint-Tropez [Alain Joyandet, secrétaire d’Etat à la Coopération et à la Francophonie]. Un troisième a mis à la disposition de ses enfants deux appartements de fonction [Christian Estrosi, ministre de l’Industrie]. Quant à une pourfendeuse de la dépravation des mœurs, chargée d’un rapport bidon par le président de la République et coquettement rémunérée pour cela, elle a été joliment qualifiée de « sainte-qui-touche » par Le Canard enchaîné [Christine Boutin, chargée de mission par l’Elysée].

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