La compétitivité de la France
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Une fois de plus, la presse s’est fait massivement l’écho d’une étude sur le coût du travail qui, selon la propagande officielle, est plombée par les 35 heures, par les « charges » ; pour un peu, ce serait la faute à Léon Blum et aux congés payés. Il est vrai que l’étude à la source de cette poussée de fièvre contre les avancées sociales. Essayons d’écouter un peu d’autres voix que les sirènes de Mme Parisot.
Une fanfare de propagande
La presse aux ordres a fait feu de tout bois pour mettre en exergue l’étude commandée par le ministre Besson à l’institut Rexecode ; avant même la remise du document au commanditaire, il y avait des « fuites » bien organisées vers l’Expansion
par exemple ce qui donnait ce chapô d’article : « Une étude de Coe-Rexecode, qui sera remise jeudi à Eric Besson, pointe la »hausse des coûts salariaux« comme principale cause de cette perte de compétitivité. Il intervient alors que le débat sur le temps de travail fait rage depuis début janvier. »
Tandis que le Figaro titrait : « Pour Parisot, le coût du travail est 23% plus élevé en France. »
Et le président, dans l’audience l’interview accordée à ses sujets à JP Pernaut et 9 Français en a remis une couche, affirmant que le pouvoir d’achat avait progressé d’ 1,4% en 2010. Déjà sur ce chiffre, quelques précisions, qui viennent de l’INSEE : ces chiffres mais correspondent à la hausse globale du pouvoir d’achat en France en 2010. Cet indicateur ne tient pas compte de la dynamique démographique du pays. L’Insee précise que « cette grandeur doit être corrigée si on souhaite mesurer le pouvoir d’achat moyen des Français ». Et là, les chiffres sont moins reluisants. En 2010, la croissance du pouvoir d’achat par unité de consommation devrait être selon l’Insee de 0,8 %. Par habitant, la hausse serait de 0,4%. Pire, le pouvoir d’achat par ménage baisserait de 0,4%.
Une analyse plus fine
Sur la question des coûts salariaux, il faut d’abord noter que le ministre Besson a confié l’étude au cabinet Rexecode, qui est lié au MEDEF. Dès lors on ne s’étonne pas queMme Parisot (en photo trouve l’étude géniale et que le Figaro se fasse le relais de ce terrible message : salauds de salariés Français, ils sont tellement payés qu’ils font la ruine du pays. Evidemmentc’est la faute aux 35 heures.
Une belle manipulation
Dans un point de vue publié dans le Monde, Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, Ecole d’économie de Paris, reprend les données telles qu’elles apparaissent dans les statistiques officielles aussi bien en Europe (Eurostat) qu’en France (INSEE) et montre la manipulation du cabinet Rexecode : "Alors que, selon les comptes nationaux, les salariés français de l’industrie travaillent plus longtemps que leurs homologues allemands, l’enquête obtient strictement l’inverse : une durée du travail 10 % plus faible en France qu’outre-Rhin.
Avec une telle sous-estimation dans l’étude retenue par le rapport et par M. Besson, le coût par heure devient arithmétiquement prohibitif en France. Voilà comment on peut manipuler l’opinion publique."
Plus de détails dans cet article de Philippe Askenazy, directeur de recherche au CNRS, Ecole d’économie de Paris.
Mais ce n’est pas la première fois, voyez l’attractivité de la France
Publié le vendredi 18 février 2011.
Messages
1. La compétitivité de la France, 21 février 2011, 09:34, par Iciradiokerhostin
Parler de coûts et rester focalisé sur ce ratio c’est aborder le problème par le petit bout de la lorgnette. C’est la productivité qui est le ratio absolu pour jauger la performance d’une entreprise voire d’une nation. La productivité garde un rôle clef dans la compréhension de la façon dont les actions humaines (à l’échelon micro ou macro) sont contributives à ce que nous appelons le progrès, le développement ou la croissance économique.
Mais...
Il y a belle lurette que cette notion a été abandonnée dans les discours « officiels ».
Abandonnée depuis que l’entreprise, dans notre pays, avant même les coûts de boutoir que lui a porté la mondialisation, a perdu sa dimension « sociale ».
Depuis les années 80, progressivement, la rentabilité est devenue l’alpha et l’oméga de la gestion de l’entreprise. Les patrons du CAC40 ainsi que ceux de toutes les entreprises inscrites à une « »côte" ne sont plus des entrepreneurs. Ils sont devenus des gestionnaires de SICAV court terme.
Les 35 heures que j’ai vu arriver avec inquiétude dans la filiale française du groupe US que je dirigeais au moment de la mise en oeuvre de cette loi ne sont qu’un problème marginal... Quoi que important.
Cette loi a laissé croire que le travail était une denrée de plus en plus rare qui devait se gérer comme la viande ou les légumes durant la 2 eme guerre mondiale, par la mise en place de « tickets de rationnement » parachevant ainsi 30 ans de politique publique calamiteuse pour l’emploi.
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