Iranien athée, le réalisateur Mehran Tamadon a réussi à convaincre quatre mollahs, partisans de la République Islamique d’Iran, de venir habiter et discuter avec lui pendant deux jours. Dans ce huis clos, les débats se mêlent à la vie quotidienne pour faire émerger sans cesse cette question : comment vivre ensemble lorsque l’appréhension du monde des uns et des autres est si opposée ? La liberté, la religion, la place de la femme sont autant de sujets de discorde qui viennent peu à peu troubler la quiétude du salon, mais toujours dans une ambiance étrangement détendue où chacun se taquine mutuellement.

Dialogue au ras du tapis

Laïc dans une république islamique ?

Chez le débat porte souvent sur la place de l’Islam dans notre République laïque : le port du voile, les repas à la cantine, etc. Le cinéaste Mehran Tamadon renverse la question : comment vivre en laïc, incroyant, athée, dans la république islamique d’Iran ? Au demeurant, la question, qui nous paraît lointaine aujourd’hui, se posait avec acuité au début du siècle dernier ; il suffit pour cela de lire les récits des instituteurs publics envoyés dans des communes dominées par les « cléricaux » ou, d’un autre point de vue, ceux des bons chrétiens dressés contre les inventaires des biens d’église. Et le projet du cinéaste est un peu fou : convier dans sa maison de
campagne, lui l’iranien athée et démocrate, quatre mollahs, partisans de la république
islamique.Et ça se passe plutôt bien, presque un dialogue utopique, qu’on croyait impossible, au moment où les fanatiques de Daech, au nom d’une conception brutale de leur religion, massacrent à tour de bras les infidèles. [Qui sommes-nous pour leur jeter la pierre ? Voir Tuez les tous ici ]

Ce dialogue serait donc possible ? N’ayons pas trop d’illusions ; la République islamique reste un régime théocratique : la seule loi qui vaille est la loi de Dieu inscrite dans le Coran (mais j’ai l’impression d’avoir entendu des choses comme ça pendant les manifestations contre la loi Taubira sur le mariage des homosexuels). Le documentaire nous conduit à nous poser la question de la place du religieux dans nos sociétés. La question se pose en Iran, mais aussi aux Etats-Unis et, bien sûr, chez nous.

De bonnes raisons pour venir discuter avec le réalisateur au cours de cette soirée ciné-café. On peut s’y préparer en lisant le document joint.

Lumières sur Iranien, un document bien utile