Accueil > Politique > Revenu de Solidarité Active, une bonne idée pervertie

Revenu de Solidarité Active, une bonne idée pervertie

    Partager : sur Facebook, sur Twitter, sur Google+.

Revenu de Solidarit

Une idée juste dans son principe

Il pouvait en effet arriver qu’un allocataire du RMI voie sa situation se dégrader s’il acceptait un emploi : un maigre salaire souvent à temps partiel, grevé par des dépenses de transport ou des frais de garde. C’était un comble, il valait mieux rester à la maison plutôt que de travailler. Ne croyez pas qu’il s’agisse de paresse : pour la plupart, les personnes éloignées de l’emploi préféreraient la dignité d’un travail à des allocations sociales. D’où la proposition qu’avait faite Ségolène Royal, reprise aujourd’hui par Martin Hirsch, de permettre le cumul entre la rémunération d’un emploi et les aides publiques.

Cependant, la mise en place du RSA vient après ce qu’on appelle l’offre raisonnable d’emploi. Un chômeur qui aura eu le culot de refuser se verra radié des listes de demandeurs d’emploi. Une offre raisonnable, c’est dans un périmètre de 30km et qui correspond globalement à ses qualifications.
Mais au bout de 3 mois, il devra accepter une baisse de salaire de 5 % au maximum ; au bout de 6 mois, les chômeurs pourront être contraints d’accepter une baisse de salaire de 15 % et un trajet maximal de 30 km ou une heure de transports en commun. Au bout d’un an, tout emploi rémunéré à hauteur de l’allocation-chômage sera jugé acceptable.

Cette notion d’offre raisonnable d’emploi jette un peu d’ombre sur le revenu de solidarité active : la générosité apparente de ce nouveau dispositif masque mal le soupçon jeté sur les demandeurs d’emploi, qui seraient des paresseux et des profiteurs.

Mais le RSA est là ; alleluia. Vérifions quand même si c’est vraiment plus avantageux, plus incitatif que les dispositifs antérieurs.

Notons encore que, dans sa configuration actuelle, le RSA ne prévoit rien pour les jeunes de moins de 26 ans qui ont pourtant beaucoup de difficultés d’insertion professionnelle et sociale. Mais ne faisons pas la fine bouche, pas de critique systématique sur un dispositif qui doit permettre que les plus pauvres le soient moins.

Quel financement ?

Autre bonne nouvelle, le financement est assuré par une taxe sur les revenus du capital. Enfin, plus précisément, le financement complémentaire, sachant que l’essentiel vient de redéploiement des allocations existantes... et aussi des ressources mobilisées par les conseils généraux. Petite nuance cependant, la taxe nouvelle sera intégrée dans le bouclier fiscal, qui permet aux pauvres super-riches de payer moins d’impôts.

voir l’article Revenus : la redistribution des plus pauvres vers les plus riches

D’ailleurs, même M. A. Juppé a noté que les plus riches seraient dispensés de payer. Le Monde a calculé que cette nouvelle taxe concernera 50% des ménages. Mais c’est une taxe sur les revenus du capital, vous devriez être contents.

Trappe à bas salaires

Autre avantage du RSA, selon ses promoteurs : il facilite le retour à l’emploi. En tout cas, on le dit. Même si, d’après François Bourguignon, président du comité d’évaluation du RSA, les expérimentations n’ont pour l’instant trouvé aucun effet statistiquement significatif, bien qu’elles aient été menées avec les collectivités volontaires et donc motivées.
D’autres craintes se font jour : cette nouvelle forme de subvention au temps partiel que constitue le RSA ne va-t-elle pas encore accroître le nombre des emplois précaires ?
Denis Clerc, dans un article d’Alternatives économiques souligne les risques de voir le patronat profiter de l’aubaine pour maintenir des bas salaires et se servir d’un salariat taillable et corvéable à merci.

Le RSA, bel effet d’annonce

Annoncé à son de trompe, le RSA est surtout une belle opération de communication, ("on va aider les pauvres et on va taxer le capital").
Ne boudons pas les effets positifs :
retirer un profit net de ses heures de travail est quand même préférable que de vivre uniquement de minima sociaux ou, pire, de voir ceux-ci trop brutalement réduits par une reprise d’activité. Mais ne nous laissons pas prendre au piège et pour un peu, je me rappellerais la formule d’un vieux militant : "ils entretiennent la misère pour pouvoir faire la charité."

Publié le lundi 8 septembre 2008, par Paul Paboeuf.




Post-scriptum

Selon les propos rapportés par le Mensuel du Golfe, F. Goulard conteste le financement du RSA.

"Je voterai pour le RSA en tant que dispositif social" mais, "en l’état actuel des choses, je voterai contre ses modalités de financement parce qu’elles pénalisent les épargnants petits, moyens et ne touchent pas les épargnants les plus aisés" bénéficiant du bouclier fiscal, a déclaré François Goulard sur France Info.

Messages

  • Dans sa version passée au tamis de l’UMP, le RSA part de l’idée que les chômeurs ont d’abord besoin d’incitation financière .Ils ont avant tout besoin que l’économie crée des emplois décents, ce qui n’est pas le cas.

    D’une part,il faut s’interroger sur la qualité des emplois occupés par ces travailleurs pauvres dont les conditions de travail sont souvent difficiles.

    D’autre part, la plupart des emplois qui seront occupés par les bénéficiaires du RSA seront àdes niveaux proches du smic qui bénéficient de forts allégements de cotisations. Cela incite les employeurs àne pas augmenter les salaires pour ne pas perdre ces avantages. Ce mécanisme pervers risque donc de s’accentuer.

    C’est une politique de pérennisation du temps partiel subi !

    Répondre à ce message

  • Le problème n’est pas tant que l’emploi ne paie pas, mais plutôt le manque d’emplois et le sous-emploi. D’autres politiques y contribuent. Elles ont été abordées dans le « Grenelle de l’insertion  » mais le Premier ministre les a enterrées.
    On peut affirmer que le RSA, qui s’inscrit dans le cadre de la réforme du travail, est une mesure qui s’intègre dans la logique générale de précarisation et de coercition du monde du travail.

    Ce n’est plus « travailler plus pour gagner plus  », c’est « travailler peu pour gagner peu  ».Le RSA proposé vise avant tout àréduire le traitement statistique de la pauvreté.

    Répondre à ce message

  • Dans Libération du 30 octobre

    Selon une étude publiée par le Ministère des Finances, 7000 foyers aisés n’ont pas payé d’impôt sur le revenu en 2007.

    Ces Français ont pourtant déclaré plus de 97.500 euros de revenus l’an passé. De quoi nourrir le débat parlementaire sur le plafonnement des niches fiscales, les 17 et 18 décembre.

    L’article de Libération

    Répondre à ce message

  • RSA étriqué, analyse économique tronquée

    On en parle un peu moins ces temps-ci... Et pourtant le nombre de chômeurs et de travailleurs pauvres va exploser

    Un article de Jean Gadrey, Professeur émérite d’économie àl’Université Lille 1.

    Ses domaines de recherche sont la « Socio-économie des services  » et les « Nouveaux indicateurs de richesse  », titres de deux livres récents publiés àLa Découverte, coll. Repères. S’y ajoute le thème des inégalités, objet d’un essai "En finir avec les inégalités" (Mango, 2006). Il est membre du CNIS (Conseil National de l’Information Statistique). Il publie régulièrement des articles ou tribunes dans Alternatives économiques, Les Cahiers français, Politis, et Le Monde.

    Martin Hirsch a quelques bons amis parmi les économistes. Quand il veut une évaluation positive de « son  » RSA, c’est exclusivement àeux qu’il fait appel. Yannick L’Horty fait partie de ce cercle. Il a publié en octobre dernier, avec Denis Anne, une étude àla gloire du RSA. L’analyse semble très fouillée… àceci près qu’elle « oublie  » tout ce qui pourrait contredire les conclusions !

    pour lire la suite

    Voir en ligne : RSA Etriqué, analyse économique tronquée

    Répondre à ce message

    • Extrait d’un article de Marianne2

      Un Revenu de Solidarité Active pour permettre aux exclus du système de se réinsérer et de reprendre goà»t au travail, c’était l’idée géniale de Martin Hirsh ès Haut-Commissaire d’Etat àtout ce dont les autres ne semblent pas vouloir s’affairer… Un RSA présenté comme une mesure qui mettrait fin àla politique d’assistanat de ceux qui vivent avec 498 euros par mois. Ils n’auraient qu’àbien se tenir les pauvres ! Résultat, une réforme au rabais qui va profiter… aux patrons. La preuve ? Tous les bénéficiaires du RSA qui retrouveront un emploi àtemps partiel auront un complément de salaire… ad vitam eternam ! Pour les entreprises, c’est une incitation évidence àrecourir aux emplois précaires et àfaire peser le reste du salaire àl’ensemble de la société. Une façon dissimulée d’alourdir le budget de l’Etat et de diminuer la charge des patrons qui pourront se servir du RSA comme une variable d’ajustement du salaire. Coà»t de cette subvention globale àl’emploi précaire : 1,7 milliard.

      Voir en ligne : Tout l’article de marianne2.fr

      Répondre à ce message

  • Début d’un article de Marianne2.fr
    Un rapport officiel de la DREES – Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques – montre que le RSA a « un impact limité en terme de maintien ou d’accès àl’emploi  ». En effet, « aucune différence significative  » n’a été observée entre les zones tests, dans lesquelles le RSA a été expérimenté, et les zones témoins, zones comparables où le RSA n’a pas été expérimenté. Pire : la Drees fait apparaître que le RSA est contre-productif.

     la suite

     Faut-il enterrer le RSA, demande l’Expansion

     Le RSA risque d’avoir peu d’effets positifs sur l’emploi, dit l’Express

    Voir en ligne : L’étude de la DRESS

    Répondre à ce message

    • RSA : Hirsch bluffe, les médias valident

      Ouf ! Une semaine avant l’entrée en vigueur du RSA, Hirsch peut enfin s’appuyer sur le rapport final d’évaluation des expérimentations du dispositif... Mais n’en déplaise aux médias et àcelui qui se défend de manipuler les chiffres, ce rapport est sans appel, les effets du RSA sont quasi inexistants sur le retour àl’emploi.

      Quand les médias servent la soupe au gouvernement

      « Â RSA : un effet favorable sur l’emploi  », c’est ainsi que le journal d’Etienne Mougeotte salue la publication du rapport final sur l’évaluation du RSA le 22 mai dernier. Que Le Figaro relaie la propagande gouvernementale, c’est une chose. Mais àfaire un tour rapide de la presse nationale, on se rend rapidement compte que Libération en fait de même, « Â Le RSA devrait faire baisser la pauvreté  », ainsi que Le Monde , légèrement moins emballé certes, « Â Le RSA aurait un léger effet positif sur le retour àl’emploi  ». Mais que se passe-t-il donc dans ces rédactions pour qu’elles se refusent àtirer les constats de l’expérimentation du RSA sur le retour àl’emploi, pourtant très loin d’être unanimes ?

      lire la suite sur Marianne2.fr

      Répondre à ce message

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document