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Le PCAET au forum théâtre

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Mardi soir 18, se tenait, à Muzillac, la première soirée de Théâtre Forum consacrée au PCAET. Une réunion proposée aux élus et habitants de Questembert communauté et d’Arc Sud Bretagne qui a rassemblé une trentaine de personnes, dont une dizaine d’élus. Il est difficile d’en dresser un compte rendu exhaustif dans la mesure où la formule de théâtre-forum ne se prête guère à une synthèse cohérente, par conséquent, je vous propose ici davantage un retour sur le ressenti que j’en ai eu et sur les points qui m’ont marqué et que je peux proposer à la réflexion de chacun.

Le déroulement de la rencontre

Elle a démarré par la présentation succincte de ce qu’est le PCAET, cette réunion s’inscrit dans une suite de rencontres qui a permis à certains participants de compléter leur information pendant que d’autres prenaient un peu le train en marche. Ces rencontres abordent différentes approches thématiques, la réunion de mardi était centrée sur les enjeux énergétiques. Pour résumer, on peut dire que la finalité de ces rencontres thématiques est de recueillir les avis des participants sur les projets à mettre sur pied au niveau local pour favoriser une évolution significative et bien adaptée au contexte de proximité dans le domaine de l’adaptation aux évolutions climatiques impactées par les choix en matière énergétique. De ce point de vue, ces rencontres viennent compléter la réflexion des élus dans la mesure où elles suscitent une initiative citoyenne où chacun peut prendre part en proposant des actions.

Un PCAET ? On en a déjà parlé ici et sur notre site. Voir aussi cette présentation plus complète sur le site de l’ADEME.

Après la présentation, on a assisté une une petite scène théâtrale d’une situation conduite par deux actrices, les traits ont volontairement été forcés afin de bien faire apparaître la problématique et susciter des réactions chez les participants qui ont été invités dans un troisième temps à devenir des acteurs de la scène afin d’apporter un éclairage, un point de vue, une argumentation ou un questionnement. La réunion s’est terminée en débat libre, permettant à chacun d’apporter sa contribution.

Quelques éléments sur la nature des échanges :

Un équilibre à trouver : le risque dans ce type de débats est de raisonner en noir ou blanc alors que la solution réside davantage dans la recherche d’un équilibre fait de nuances de gris. Dans le cas présent les échanges sont restés très courtois, mais des positions très tranchées sur certains sujets pourraient sans doute devenir contre-productives si elles ne sont pas éclairées par l’écoute de positions opposées. La nature des échanges dans la cas présent a permis un dialogue constructif à ce niveau.

Une approche systémique

Favoriser une approche systémique et éviter le piège de la globalisation à partir d’un seul exemple. En effet, les choix qui peuvent être opérés doivent se faire dans une analyse du contexte dans lequel la situation se vit, ce qui est vrai pour l’un ne l’est plus forcément pour l’autre lorsque le contexte devient différent. Pour illustrer par un exemple abordé pendant la soirée : remplacer la voiture par le vélo ne peut pas être systématisé, car le choix du moyen de locomotion dépend grandement du besoin réel situé dans un contexte comme le lieu de travail, le matériel à transporter, la réalité des infrastructures mises à disposition... La solution ne semble pas dans le cas présent de choisir entre l’un ou l’autre, mais davantage d’analyser un contexte donné pour adopter un choix approprié. Comme il a également été dit lors des échanges, il est aussi important de faire des propositions au niveau du territoire afin de faire évoluer les infrastructures pour rendre possibles et plus faciles certains choix. Très concrètement par exemple, comment peut-on judicieusement exploiter la proximité d’une gare en terme d’aménagement et de constructions afin que le train devienne une solution logique de transport en remplacement de la voiture ?

Connecter le local et le global

Ne pas déconnecter les actions de territoires de la réalité nationale et internationale qui peuvent être paradoxales : pour illustrer cette problématique, on pourrait prendre par exemple les propositions faites actuellement par certaines marques de la grande distribution qui offrent des bons d’achat ou points de fidélité à leur clientèle lorsque celle-ci utilise son intermédiaire pour réaliser des travaux d’isolation. En effet, dans ce cas de figure, la stratégie des marques peut hypothéquer grandement le choix du territoire lorsqu’il invite à produire et consommer local. Sur ce plan les élus devront être vigilants et faire entendre la voix des citoyens de leur secteur géographique afin que le travail fait au niveau local ne soit pas mis à mal par des choix nationaux.

Des actions aux effets pervers

Nous pouvons reprendre ici l’exemple précédent dont la stratégie a été présentée assez clairement lors de la rencontre. En fait dans le principe, le prestataire (Grande distribution, fournisseur d’énergie) est contraint par la loi depuis 2005 de faire des économies dans le domaine énergétique, soit directement, soit par l’intermédiaire de ses clients. En contrepartie, celui qui fait des économie d’énergie peut bénéficier du « Certificat d’Économie d’Énergie ». Si le prestataire ne parvient pas à réaliser ces économies, il est pénalisé par une charge financière qui peut s’avérer lourde, il a donc tout intérêt à réaliser ces fameuses économies, quand il lui est difficile de les réaliser en interne, on comprend son intérêt à le faire à travers ses clients, puisque cela se traduira à son niveau par une réduction de pénalité financière. Lorsque cette réduction devient conséquente, il lui est donc facile de motiver ses clients en leur accordant des primes prélevées sur une partie des économies réalisées. Dans le cas de la grande distribution, cela peut devenir une action marketing intéressante dans la mesure où elle aura aussi pour effet de fidéliser une clientèle à travers des points de fidélité ou autres bons d’achat dépensés obligatoirement dans les magasins de la marque. C’est d’ailleurs, comme on l’a vu plus haut, cet aspect qui peut avoir un effet pervers qui vient en contradiction avec des mesures qui pourraient être prises au niveau local pour favoriser la production et consommation de proximité.

Voir ici l’analyse de Que choisir sur les certificats d’économie d’énergie.

Faire valoir les choix locaux contre les contraintes extérieures

Comment concilier les choix opérés par les territoires avec un système contraint qui impose ses exigences ? C’est un autre aspect que l’on peut illustrer en observant la consommation dans le domaine du numérique. Prenons l’exemple de l’ordinateur qui s’est désormais généralisé et qui souffre grandement de l’obsolescence programmée et des exigences imposées par les constructeurs et autres concepteurs de logiciels. Lors de l’achat d’un ordinateur neuf, le système d’exploitation est très majoritairement imposé ; pire, si vous prenez l’initiative de modifier ou faire modifier la configuration d’origine en installant un nouveau système d’exploitation, certains constructeurs n’hésitent pas à remettre en cause la garantie de l’appareil que vous achetez. On se retrouve donc dans un contexte de vente forcée qui vous contraint à acheter obligatoirement le système d’exploitation qui est associé à la machine, même si vous ne le souhaitez pas. Par ailleurs, lorsque votre ordinateur donne des signes de fatigue et que votre dépanneur (ou votre porte-monnaie) vous dit qu’il serait peut-être temps d’en changer, il s’avère, pour l’avoir vécu personnellement, que la plupart du temps, c’est la couche logicielle (système d’exploitation) qui est la source des embêtements alors que l’ordinateur pourrait encore rendre bien des services. Il existe pourtant bien des systèmes d’exploitation alternatifs, en particulier Linux qui a l’avantage d’être libre et gratuit, mais trop peu de personnes le connaissent encore et il faut reconnaître que malgré la simplification importante de la procédure d’installation, celle-ci s’adresse encore à des personnes initiées. Il est clair pourtant que le fait de prolonger la vie d’un appareil a un impact sur la consommation d’énergie dans la mesure où cela conduit à limiter la production d’ordinateurs d’une part et faire baisser d’autre part l’impact du transport de marchandise pour un produit qui a le travers des voyages à long cours la plupart du temps.

Un laboratoire des initiatives et de l’innovation locales ?

Une idée a été émise lors de la réunion en partant de cet exemple ; elle consiste à étudier la possibilité de créer des lieux de partage de connaissances et savoir-faire de type « laboratoire des initiatives & de l’innovation locales ». Ces lieux pourraient, au moins dans un premier temps, donner vie à des initiatives montrant que des solutions nouvelles existent et qu’elles sont pertinentes. Elles pourraient aussi déboucher sur des nouvelles pratiques moins gourmandes sur le plan énergétique tout en favorisant un tissu local fort.

Méthanisation et biocarburants

Ce sujet a été abordé pendant la rencontre sous l’angle d’un potentiel à exploiter compte tenu de l’importance de l’activité agricole dans notre secteur géographique. C’est un sujet qui nécessite une réflexion sur le long terme avec une prise en compte des impacts que cela pourrait avoir, impacts pouvant s’avérer en opposition avec la finalité de départ qui vise à une action en faveur de l’environnement et du climat. En effet, si la méthanisation est une solution intéressante pour résoudre des situations problématiques actuelles au niveau du traitement des déjections animales, elle pourrait par contre devenir une cause de nuisances fortes si elle devenait un but rentable d’activités au détriment de la production de ressources alimentaires. Cela pourrait conduire à aller encore plus loin dans l’intensification et l’industrialisation des productions, des éventualités de délocalisation d’activités, faisant courir le risque de perte de contrôle de l’activité par les agriculteurs eux-mêmes. Cette thématique est un sujet à part entière qu’il serait important d’étayer et qui devrait faire l’objet prochainement d’une nouvelle publication ciblée. La production de biocarburants peut également avoir ce travers avec une occupation massive de surfaces actuellement dédiées à la production de ressources alimentaires, avec une plus grande tolérance à l’utilisation de traitements chimiques qui pourront avoir un impact sur les productions voisines ou sur la dégradation du sol hypothéquant un retour à la production de ressources alimentaires. Dans les pays qui ont assez largement investi dans les productions de biocarburants on assiste généralement à inflation forte rendant les produits alimentaires trop onéreux pour une partie de la

population.

Voir ici la position d’Eaux et Rivières de Bretagne sur la méthanisation

Voir ici un exemple de spéculation foncière agricole déjà en place présenté par Capital sur les les achats massifs de terres agricoles françaises par la Chine.

Voir ici un article paru sur le site de Cairn mettant en évidence l’impact des biocarburants sur les prix alimentaires

En guise de conclusion (provisoire)

Pour terminer j’ai envie de dire combien ce type de rencontres est pertinent et novateur, il est sans doute dommage que cela ne touche encore pas suffisamment de personnes, l’entrée citoyenne de la prise en compte et de la contribution locale à la résolution des problèmes de notre temps est une alternative à développer, des initiatives existent déjà comme la gestion citoyenne d’un parc éolien sur la commune de Béganne qui a été à plusieurs reprises évoqué lors de cette soirée, il y a là une opportunité pour participer à la construction de notre avenir proche, il serait dommage de ne pas la saisir.

Publié le samedi 22 septembre 2018, par Emmanuel Le Clainche.

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