Un devoir d’humanité

Notre rassemblement sous les Halles

E. Ciclaire très émue après son témoignage

Nous n’étions pas une foule, mais c’était le signe de notre engagement pour la solidarité. Ewa Ciclaire, qui elle-même avait fui la dictature du Général Wojciech Jaruzelski en Pologne, a apporté, avec beaucoup d’émotion, son témoignage personnel. Elle était là à titre personnel, mais elle travaille aujourd’hui à Vannes pour un organisme lié à l’Europe. Boris Lemaire, président de l’association, a lui-même rappelé qu’il était le descendant de réfugiés républicains espagnols fuyant la dictature franquiste.

« Personnellement, je pense ici à ma grand-mère qui, dans les années 30, petite-fille, a fui l’Espagne Franquiste avec sa famille pour continuer à vivre ici en France. Tous, dans nos proches, dans nos familles, nous connaissons des personnes qui ont dû re-construire leur vie dans la paix. »

Un devoir d’humanité

L’allocution de Boris Lemaire

D’ailleurs, au moment de la guerre d’Espagne, puis pendant l’Occupation nazie, Boris Lemaire l’a redit, « la population de Questembert a déjà, par le passé, montré cette générosité à l’égard des réfugiés. » Plus récemment, fin des années 70, pendant l’exode des boat-people vietnamiens, une famille avait été accueillie. Après avoir séjourné quelque temps à Questembert, le temps d’y faire baptiser leurs jumeaux, ils ont gagné la région parisienne où ils ont retrouvé de la famille. ,

Nous devons, à notre niveau, répondre à l’urgence ! D’abord, parce que ce sont nos « frères humains », comme disait le poète François Villon. Ensuite, parce que, comme le dit Robert Badinter, « l’accueil des réfugiés est une obligation constitutionnelle. Quand la République a manqué au droit d’asile, elle s’est toujours déshonorée. C’est pourquoi j’utilise le terme d’honneur. Rappelez-vous avant la Seconde guerre mondiale la façon dont nous avons traité les réfugiés espagnols. C’est une honte. Rappelons, ce qui est pire encore, la clause secrète par laquelle au moment de l’armistice [1940], nous nous étions obligés vis-à-vis du gouvernement nazi de l’époque à lui livrer les réfugiés politiques, c’est-à-dire les envoyer à la mort »,

« Je suis Charlie » ?

Boris Lemaire, dans sa déclaration, a rappelé l’esprit de la manifestation « Je suis Charlie » : "Le 7 Janvier dernier est encore dans nos mémoires. Suite aux attentats de Charlie Hebdo, un formidable élan de liberté et de résistance a parcouru nos villes de France. C’est le même esprit qui nous réunit ce soir.

Le 11 janvier dernier, nous avons dit non à la barbarie sur notre terre de France.
Accueillons maintenant ceux qui, pour avoir dit non dans leur pays, risquent tous les jours la mort sous les bombes d’el-Assad et sous les couteaux de Daesh. Aidons-les comme nous aimerions être aidés nous-même en des circonstances similaires."

Les rumeurs les plus folles, les mensonges éhontés

Nous défendons ici nos valeurs, des valeurs républicaines, des valeurs humanistes que nous savons largement partagées par le peuple français. Mais, dans une période difficile, certains s’empressent de jouer sur les peurs, et même de les attiser en répandant des rumeurs ou en proférant des mensonges éhontés. Comme le dit l’historien de l’immigration Gérard Noiriel, “en période d’incertitude tout particulièrement, l’étranger est ressenti comme une menace pour le groupe enraciné.”

On en voit même qui qualifiaient hier les pauvres de chez nous de parasites (« le cancer de l’assistanat ») prétendre aujourd’hui qu’il faudrait d’abord s’occuper de nos pauvres. Ou bien encore, cette rumeur disant qu’à Roubaix le gouvernement offrait des milliers de maisons pour les réfugiés. La liste est longue des ignominies qui circulent sur internet.

Combien sont-ils ? Où vont-ils ?

A l’échelle du monde, le nombre de personnes qui fuient de leur pays de naissance n’a jamais été aussi grand. De l’ordre de 60 millions ! Dont les Syriens, pris en tenaille entre le dictateur El-Assad et Daesh, sont les plus nombreux, près de 5 millions. Mais ils vont d’abord au plus près : au Liban, où ils représentent 20% de la population dans un pays sans ressources, en Jordanie, en Turquie (à voir ici dans un article de FranceTvinfo et ci-dessous dans la vidéo.) Et quand ils viennent vers l’Europe occidentale, c’est plutôt vers l’Allemagne et l’Angleterre qu’ils préfèrent se diriger (Non, ils ne viennent pas piller nos avantages sociaux !). Quant à la menace d’invasion agitée par la droite et l’extrême-droite, elle n’a aucun fondement : le président de la Commission européenne J.C Juncker a, le 9 septembre dernier, exhorté les états de l’UE à se répartir en urgence l’accueil de 160.000 réfugiés (à lire ici par exemple Le Monde du 9/9/15). La logique des « quotas » fait que la France pourrait accueillir 4 personnes pour 10.000 habitants.

Des chrétiens ?

Et puis, il y a ceux qui veulent sélectionner les « chrétiens » parmi les réfugiés ! Oh les bons apôtres ! Qu’ils relisent la parabole du bon Samaritain ! Et, plus près de nous qu’ils écoutent le pape François !

Une synthèse proposée à la télé en Belgique