Accueil > Editoriaux > Un bon gouvernement ?

Un bon gouvernement ?

    Partager : sur Facebook, sur Twitter, sur Google+.

A quelques semaines de l’élection présidentielle, l’élection qui est la clé de voûte de notre système électoral, la machine à promesses tourne à plein régime, les boules puantes empoisonnent l’atmosphère, sans qu’on puisse identifier qui les a lancées, les rumeurs les plus folles courent sur la toile, répandues par des naïfs ignorants heureux de croire tout ce qui vient conforter leur opinion, ou fabriquées de toutes pièces par des officines occultes spécialistes de la désinformation, de la post-vérité ou encore des faits alternatifs.

Un livre contre-poison : Le Bon Gouvernement

Pierre Rosanvallon a publié l’an dernier un ouvrage intitulé Le Bon Gouvernement, qui vient de paraître en édition de poche. L’ouvrage est, après La Contre-démocratie, La Légitimité démocratique et La Société des égaux, le quatrième volet de sa réflexion sur la mutation des démocraties. En effet, selon lui, nos institutions sont formellement démocratiques, mais « nous ne sommes pas gouvernés démocratiquement » par manque de transparence, de réactivités, d’écoute des citoyens. Un terreau fertile où naissent le désarroi et la colère.

Face à la défiance tant envers les acteurs de la politique qu’envers les institutions elles-mêmes, comment retrouver la confiance perdue ? Pour construire la démocratie de confiance que vise Rosanvallon, deux valeurs s’imposent : l’intégrité et le parler vrai. Or nos gouvernants en sont réduits à « séduire pour survivre », dans des jeux de rôle sans engagement radical. Un engagement qui fonderait leur crédibilité et les ferait mériter la confiance.

Rosanvallon nous met en garde contre les dérives de notre régime trop présidentiel, qui conduit au « césarisme », où le chef s’approprie le peuple : bonapartisme, boulangisme, gaullisme (par certains côtés) chez nous, péronisme en Argentine... Et plus proche de notre temps, l’accession de Trump, au nom du « vrai peuple. »

Aussi nous propose-t-il de nouvelles organisations démocratiques à chercher du côté des mouvements protestataires et de résistance en en percevant les limites ou du côté des initiatives citoyennes qui visent non pas à prendre le pouvoir mais à le surveiller et à le contrôler. Cette démocratie d’exercice serait selon lui plus efficace et risquerait moins la corruption.

Le livre de Rosanvallon est passionnant et je vous le recommande en espérant que ces quelques lignes vous en auront donné l’envie. Et ce qu’il nous dit résonne fort dans le contexte électoral du moment.

De la vertu pour les candidats, pour les élus... mais aussi pour les citoyens

De l’engagement personnel, pour assurer la crédibilité et mériter la confiance. Oui, cela devrait conduire les candidats à freiner la course aux promesses. On n’y est pas encore ! Les candidats dont tout le monde sait qu’ils ne seront pas élus, et qui eux-mêmes en sont parfaitement conscients, s’en donnent à cœur joie, alors qu’ils pourraient faire de la période un moment d’éducation civique ; mais non, ils promettent la lune, sans risque d’être mis en contradiction avec leurs annonces. Quant à ceux qui pourraient avoir une chance de gouverner, ils ne sont pas plus raisonnables.

Mais les citoyens devraient avoir autant d’exigences pour eux-mêmes : s’informer assez pour ne pas croire aux promesses inatteignables, réfléchir assez pour ne pas projeter dans le discours du candidat leurs désirs et leurs attentes, pour éviter de lire dans les annonces des autres concurrents des choses qui n’y sont pas !

Nous attendons tous que nos représentants soient honnêtes, qu’ils se tiennent au plus loin des tentations, et des tentatives, de corruption. Et la plupart des élus sont irréprochables, malgré les quelques uns qui font la une des journaux, malgré aussi les insupportables ragots diffusés sur internet qui éclaboussent tout le monde. Là encore, il faudrait que les citoyens pratiquent les mêmes vertus : combien de fois j’ai en tant que maire été sollicité pour accorder un faveur, un avantage indû !

Et, plus simple que le livre de Rosanvallon, plus court aussi, mais bien utile pour la réflexion du citoyen ordinaire, je vous invite à lire - ou à écouter- cette chronique de JO Kerguéris qui nous invite à remplacer le pronom qui sépare par celui qui réunit : « Soyons un peu moins ils et un peu plus nous, »

PDF - 29.7 ko
Jo Kerguéris, Un peu moins ILS, un peu plus NOUS

Publié le dimanche 12 mars 2017, par Paul Paboeuf.




Post-scriptum

Post-vérité, faits alternatifs : un exemple récent

L’introuvable fait-divers évoqué par François Fillon en meeting : http://www.huffingtonpost.fr/2017/0...

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Lien hypertexte

(Si votre message se réfère à un article publié sur le Web, ou à une page fournissant plus d’informations, vous pouvez indiquer ci-après le titre de la page et son adresse.)

Ajouter un document