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Projet Leclerc : réunion des comités consultatifs

Un débat riche et argumenté

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Mardi 20 août, la municipalité avait invité trois comités consultatifs communaux (urbanisme, commerce et développement durable) ainsi que la commission économique de la communauté de communes pour débattre du projet de supermarché Leclerc qui sera examiné en commission départementale d’équipement commercial le 5 septembre. Plus de deux heures d’échanges et de débat qui ont éclairé la réflexion de tous.

Le conseil municipal de Questembert a mis en place des comités consultatifs composés d’élus et de représentants de la société civile chargés de réfléchir aux questions qui seront traitées ensuite au conseil municipal. Quant à la communauté, elle a désigné au sein du consel communautaire, une commission économique composée seulement d’élus, pour des raisons de confidentialité ; ce qui n’empêchera pas de solliciter par exemple pour avis le club des entrepreneurs.

La question mise à l’ordre du jour était d’analyser le projet déposé par M. Fillion d’implanter à Kerhardy un supermarché de 2500 m² complété par un espace culturel de 500 m². Le projet comporte également une station service pour les carburants.

Le maire a d’abord fait un rappel historique de ce projet qui a été évoqué pour la première fois devant la commission qui travaillait sur le plan local d’urbanisme. A l’époque, en 2003 !, deux membres de la commission avait émis un avis défavorable, tous les autres, dont les deux représentants de l’opposition (M. Burban et une autre personne) avaient souligné l’intérêt de cette nouvelle enseigne : elle apporterait une offre diversifiée et retiendrait les consommateurs sur le territoire.

Le projet présenté aujourd’hui a été rappelé dans ses grandes lignes à partir du dossier déposé en préfecture et communiqué aux membres de la CDEC. La comparaison avec les dossiers présentés par M. Kervarrec a permis de rappeler les avis rendus par la DDCCRF.

Voir les articles sur le site

- Projet Leclerc, un résumé du dossier de CDEC
- Projet Leclerc, ce qu’en pensait la DDCCRF

Puis le maire a proposé de lancer le débat : « Que chacun s’exprime librement, et puisse être écouté avec attention et respect : nous sommes tous ici animés par la volonté de faire au mieux pour notre commune, pour notre territoire. »
René Cheval, délégué de la commune de Le Cours, a fait fonction de modérateur pour distribuer la parole et organiser la discussion.

Maintenant ou jamais

Le premier à prendre la parole a été un commerçant du centre-ville : « Cela fait un moment qu’on parle de ce dossier, il faut trancher et dire oui ou non et qu’on n’en parle plus. »
Il a souligné que le paysage commercial environnant bougeait à toute allure : nouveau Super U à Malansac, à Malestroit, extension d’Intermarché à Elven... et on dit qu’Auchan cherche à s’implanter à Elven près de l’échangeur de Kerboulard. Mais il faudra bien accompagner l’évolution du centre-ville et de Lenruit pour éviter la casse.

Un responsable de l’association Elémenterre a contesté l’intérêt de ce projet :
- la concurrence annoncée n’aura pas lieu puisque le nouveau magasin sera du même format que les deux autres et offrira par conséquent des gammes comparables, qui ne seront pas susceptibles de retenir à Questembert les consommateurs qui s’orientent vers les hypers vannetais ;
- le fonctionnement de la grande distribution (pressions sur les fournisseurs, consommation de masse) a conduit à la destruction des modes de vie et de production traditionnels, à la disparition des petites exploitations et des petits commerces ;
- l’arrivée d’un nouveau supermarché aura des conséquences dramatiques sur le commerce de centre-ville et sur les commerces des bourgs aux alentours, alors qu’il y a aujourd’hui une offre intéressante surtout avec le petit marché du mercredi.

La réponse est venue du point de vue des consommateurs : à partir de l’exemple des carburants, on a pointé l’absence de concurrence, ce qui fait qu’il y souvent 3 centimes d’écart au litre entre Questembert et Ploermel, Carentoir, etc. Ainsi que le montrent les enquêtes de Que choisir, l’enseigne Leclerc est régulièrement en tête pour le prix du panier. D’ailleurs, une comparaison locale en 2005 le confirmait. Il ne faut non plus oublier le faible niveau des revenus de la plupart des gens, ce qui les conduit à rechercher les produits les moins chers.

C’est malheureusement au détriment de la qualité, rétorque un autre participant qui affirme qu’il est possible de consommer mieux sans dépenser plus, mais cela suppose une nouvelle approche de l’alimentation. Une autre complète en soulignant que le mode de vie induit par la grande distribution n’est pas « soutenable » : toujours plus de consommation, plus de déchets, d’énergie.

Dans son rôle de modérateur, René Cheval rappelle qu’il s’agit de voir s’il est intéressant pour Questembert et son territoire d’avoir une nouvelle enseigne et non pas de faire le procès de la grande distribution. Il demande si on peut donner un calendrier pour l’implantation : à supposer que le projet soit validé au début septembre, cela mène à une ouverture à la fin 2010, sans compter les risques de contentieux devant le tribunal administratif qui peuvent retarder. Il souligne que d’ici là la population va encore s’accroître. D’ailleurs le « projet de territoire » de la communauté tablait sur une population de 25000 habitants dans 15 ans à comparer avec les 17000 d’aujourd’hui.
Et les groupes de distribution observent ces espaces où ils pourraient encore trouver des possibilités de développement.

Serge Lubert, élu de Limerzel, parle de l’effort qu’a fait la commune, appuyée par la communauté, pour favoriser l’ouverture d’une supérette. Les Limerzelais en sont très contents, mais ils attendent l’arrivée d’un Leclerc à Questembert !

Se référant à la lettre adressée aux conseillers municipaux par la Confédération Paysanne, un participant affirme que la grande distribution détruit des emplois au lieu d’en créer comme elle l’affirme. La question est débattue, mais les sources fiables sont peu nombreuses. L’économiste O. Bouba-Olga (Unversité de Poitiers et Sciences Po Paris) s’inscrit en faux contre l’idée que la grande distribution fait perdre des emplois. Pour Questembert, le projet Leclerc représenterait 68 CDI à temps complet.

La concurrence se fait aussi sentir pour les reprises des commerces de proximité : « qui osera reprendre une boulangerie, une boucherie-charcuterie, une supérette dans une petite ville ou un bourg face à des supermarchés qui captent la plus grande partie de la clientèle ? » La réponse à cette inquiétude ne peut se trouver qu’à travers des produits et des services de qualité. Et les collectivités locales doivent apporter leur concours pour faciliter les transmissions et animer les centres-bourgs.

René Cheval note cependant que ce sont souvent des produits industriels semblables qui sont proposés sous des emballages différents : grandes marques, marques de distributeurs, premiers prix.

Une autre élue revient sur la notion de développement durable qu’on met souvent à toutes les sauces. Et en effet, peut-on parler de développement durable si les prix payés aux producteurs (à travers le système des marges arrière) ne permettent pas d’assurer la pérennité de leur activité et par conséquent les condamnent à la disparition.

Patrice Le Penhuizic, maire de Lauzach et agriculteur, recentre le débat sur la question du jour : l’installation d’un troisième supermarché, sous l’enseigne Leclerc. « Tout le monde sait que la grande distribution a des pratiques très dures avec ses fournisseurs, mais c’est un élément d’une évolution qui a permis aux agriculteurs de répondre aux demandes de la société tant en quantité qu’en qualité. A côté de cette production de masse, il y a sans doute place pour les »paniers« , pour la vente directe, pour la production biologique. Cependant, la question qui est devant nous est de savoir si nous allons offrir aux habitants de Questembert des moyens parmi d’autres de répondre à leurs attentes de consommateurs. Nous ne devons pas laisser passer le train qui passe aujourd’hui. »

Bernard Le Guennan, ancien adjoint chargé du commerce, le rejoint et se demande quel serait l’avenir du commerce questembertois si demain un grand magasin comme Auchan venait à s’installer sur une autre commune. Claudie Miloux évoque les évolutions récentes : Questembert a perdu un peu de son attractivité face à Muzillac et Malestroit. L’enseigne Leclerc aurait un effet de locomotive qui retiendrait la clientèle et attirerait aussi d’autres enseignes (équipement de la personne et équipement de la maison) ; un des participants relate d’ailleurs les réticences des franchiseurs à venir chez nous en raison de la banalité de l’offre.

Marie-Thé Guidoux, première adjointe, parle de sa propre expérience : malgré l’offre actuelle, elle fait toutes ses courses en centre-ville, elle ne changera pas ses habitudes et les gens qu’elle croise dans les magasins du centre ne vont pas non plus s’en détourner même s’il y a un Leclerc. Quant à Alain Le Cadre, adjoint en charge de l’urbanisme, il raconte qu’il teste chaque fois qu’il peut ses interlocuteurs : « Vous êtes pour ou contre l’arrivée d’un Leclerc. Ce n’est pas un vrai sondage, mais la réponse est massivement ; on est pour ! »

Revenant sur la question de la vente directe, Jean-Claude Morice, élu de Molac, donne l’exemple de l’agglomération nantaise où la densité commerciale est très forte. Les agriculteurs se sont organisés pour proposer sur les marchés des produits en vente directe et ces marchés sont florissants. Les commerces de proximité pourraient adopter une
démarche comparable pour se différencier des grandes surfaces.

Franck Guillouzouic, adjoint en charge du développement durable, ne cache pas son opposition au projet Leclerc : « Ce n’est pas le choix de développement que je souhaite pour notre territoire. Il y a d’autres réponses possibles qui privilégient le lien social, qui permettent à des agriculteurs de vivre de leur métier, sans tomber dans le gigantisme. » Il évoque les AMAP (Associations pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne), la réussite du petit marché du mercredi qui peut encore se développer. Il donne aussi l’exemple de cet épicier ambulant basé à Augan qui passe dans les bourgs et les campagnes jusque chez nous. « Voilà des pistes sur lesquelles il faudrait réfléchir. »

Le maire reconnaît l’intérêt de ces réflexions, tout en rappelant les attentes exprimées par les Questembertois. Il insiste également sur le rôle de locomotive que jouera cette nouvelle enseigne. Il remarque aussi que rapprocher l’offre des habitants est une action qui s’inscrit tout à fait dans la démarche développement durable : les consommateurs économiseront déjà le carburant qui est aujourd’hui dépensé pour les déplacements vers Vannes (et surtout dans les embouteillages !). Et il reprend l’idée énoncée dès le début de la réunion : « C’est maintenant ou jamais ! Avec le risque de perdre toute attractivité pour notre ville. »

Bernard Rouillé, adjoint en charge de la culture, se félicite de la nouvelle offre proposée avec l’espace culturel. Il note aussi que beaucoup de villes de la taille de Questembert ont trois enseignes. Enfin dans les enseignes en concurrence, il souligne que l’une est en perte de vitesse du fait peut-être de sa banalité, tandis que Leclerc bénéficie d’une image très positive.

Difficile de faire une synthèse d’une réunion aussi riche. Ce compte-rendu un peu décousu a pour objectif de recenser les arguments en présence. Le bureau communautaire et le conseil municipal reviendront sur le dossier. A suivre...

Publié le jeudi 21 août 2008.

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