Présidences françaises
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La France présidera le Conseil européen du 1er juillet au 31 décembre 2008. Nicolas Sarkozy sera donc doublement Président. Ce sera la septième fois que la France détiendra ce rôle. Le Conseil européen ne date d’ailleurs pas des débuts de la Communauté. Il a été proposé par Valéry Giscard d’Estaing au lendemain de son élection et il en a été le premier Président. Au sommet européen des 9 et 10 décembre 1974, à Paris, les chefs d’Etat ou de gouvernement décident de se réunir trois fois par an en Conseil européen. A ce sommet, ils décident de l’élection du Parlement européen au suffrage universel direct ; ils approuvent la création du Fond européen de développement régional ; ils se déclarent résolus à mettre en place l’Union économique et monétaire. Beau programme, réalisé dans ses structures, pas forcément dans ses objectifs.
Voir en ligne : Le site de Bernard Poignant
Selon les règles de la présidence tous les six mois, la France reprendra les rênes au premier semestre 1979, décidera de l’entrée en vigueur du système monétaire européen et ouvrira les négociations d’adhésion avec l’Espagne. François Mitterrand prendra le relais du 1er janvier au 30 juin 1984. Cette année là un accord sera conclu avec le Royaume Uni lui concédant une compensation pour réduire sa contribution au budget communautaire. C’est le fameux chèque britannique.
Le même Président retrouvera cette fonction au second semestre 1989. C’est le moment où l’histoire bascule. Elle ne retiendra que la chute du Mur de Berlin qui débouchera sur l’unification de l’Allemagne, du continent européen ensuite avec la fin de l’Union soviétique. François Mitterrand encore terminera son mandat français en présidant aux destinées de l’Europe. Son discours devant le Parlement européen le 17 janvier 1995 marquera les esprits. L’homme est âgé et malade. Il est un des derniers acteurs du second conflit mondial. Il termine son propos par un conseil à notre mémoire : « N’oubliez jamais ceci : le nationalisme, c’est la guerre. »
La dernière présidence française a été assurée par Jacques Chirac au second semestre 2000. Elle se conclura par un Traité à Nice. Il n’a pas laissé un bon souvenir et ne traîne pas une bonne réputation. Pourtant ce Conseil européen du 7 au 9 décembre aura enregistré la Charte des droits fondamentaux, préalable à son caractère juridique, donc contraignant. Il aura permis d’accueillir dans l’Union en 2004 dix pays dont huit issus du bloc soviétique.
Arrive 2008. Cette fois la présidence s’exercera au lendemain de l’élection elle-même. En 1995, la France était en pleine compétition présidentielle et en 2000 elle s’y préparait. De même la présidence se déroulera en dehors de toute cohabitation. Edouard Balladur et François Mitterrand en 1995, Jacques Chirac et Lionel Jospin en 2000 se partageaient l’exécutif. Leur sens de l’Etat n’interdisait pas le travail mais la position de chacun ne facilitait pas les choses. Rien de tel aujourd’hui.
Mais une bonne présidence suppose de rassembler quelques conditions.
Le Président ne doit pas tout ramener à lui. Dans le déblocage de l’affaire constitutionnelle en juin 2007, il a un peu exagéré. Personne ne nie son rôle utile, mais ce n’était pas une raison pour occulter celui de la Chancelière allemande. L’efficacité de l’influence se mesure à la retenue du pouvoir.
Le Président doit respecter sa parole et les engagements pris par la France. Les autres pays auront l’œil sur nos finances, le trou de nos déficits et le sommet de notre endettement. La crédibilité de notre action en direction des autres se mesurera à notre capacité à être en règle avec les nôtres.
Le Président ne doit pas donner dans la facilité du bouc-émissaire. L’Europe a le dos large mais les pieds fragiles. Il ne faut pas lui casser les reins aux yeux de nos concitoyens sinon à la longue, ils finiront par s’éloigner de cette belle aventure. La Banque centrale européenne a sans doute des torts mais si on veut changer ses statuts tout en respectant son indépendance, c’est au pouvoir politique de le faire.
Le Président ne doit pas s’écarter des règles européennes même si cela permet de calmer les esprits des marins-pêcheurs quand il s’agit de quotas de pêche, ou panser les plaies du chômage avec des promesses légères aux ouvriers de Gandrange. Car si les quotas ne bougent pas et les promesses ne sont pas tenues, l’Europe risque d’être accusée à tort. Le Président ne doit pas se lancer tout seul dans des opérations qui concernent aussi les autres. Ainsi, l’Union de la Méditerranée est intéressante mais elle concerne toute l’Europe et pas seulement les riverains de cette mer. Récemment le recadrage s’est fait.
La Présidence commence toujours par un discours devant le Parlement européen. Celui-là doit être réussi, parce que fondateur du semestre. Je me permets de conseiller une grande attention aux autres peuples représentés.
Publié le jeudi 15 mai 2008, par .