La traçabilité, en politique aussi
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Dans les supermarchés, à l’étal du boucher comme chez le marchand de légumes, l’étiquette est obligatoire : le prix au kilo, le type de produit, l’origine, tout ou presque est dit sur l’étiquette, et il est conseillé de bien regarder. Évidemment, sur les produits frelatés, aux origines douteuses, dans les boutiques louches, pour les ventes à la sauvette, il arrive qu’on découse les étiquettes... Curieusement, cela arrive encore plus souvent en politique et tout particulièrement pour les élections municipales.
Le lapin de la voisine et la patate du pays
Si vous achetez votre sac de patates avec votre voisin, si votre voisine vous cède de temps en temps un lapin de son clapier, ou une douzaine d’œufs de ses poules, vous allez sans peine vous passer de l’étiquette. C’est sans doute un peu pareil en politique dans beaucoup de petites communes, surtout là où tout le monde connaît tout le monde. D’ailleurs, on sait bien de quel côté penchent celui-ci ou celle-là. Mais après tout, c’est égal, parce qu’ils sont tous les deux investis dans le conseil d’école, le club de foot, l’un est actif à la coopérative, l’autre est très attentive à la qualité de l’eau, etc. Et ils sont volontaires pour apporter leur bonne volonté pour la gestion des affaires de la commune.... A la fin, il n’y a même qu’une liste... Ce qui est peut-être dommage, mais il vaut mieux une petite équipe de gens volontaires que des listes qui s’affrontent pour des motifs d’intérêt personnel. Ce ne sont pas des candidats « hors-sol. »
Listes apolitiques, collectifs citoyens etc
Le mot citoyen a fait florès depuis le développement de la démocratie participative. Les citoyens ont manifesté le désir de ne pas se contenter d’une désignation de leurs représentants selon les échéances trop éloignées. Ils ont voulu contrôler l’action de leurs élus, mais aussi participer à l’élaboration et à l’évaluation des décisions qui les concernaient. Dans des villes engoncées dans des structures sclérosées, ce renouveau citoyen a apporté un enrichissement des débats et abouti souvent à des groupes qui se sont investis ensuite dans la vie municipale. C’était l’idée initiale des Groupes d’Action Municipale : le premier fut fondé en 1963 à Grenoble par Hubert Dubedout qui devint ensuite maire de cette ville. Plus récemment, François Bayrou, dans son discours de vœux de 2013, disait : « Ce qui compte pour une ville, ce n’est pas l’étiquette des candidats, mais leur qualité humaine et leur projet. J’ai en mémoire en vous disant cela l’expérience des GAM, groupes d’action municipale, qui changèrent autrefois la face de bien des villes. Ces groupes ont été constitués - je cite la phrase de leur constitution - « par des militants et des animateurs qui considéraient que les partis politiques ne répondaient pas en tant que tels aux besoins des citoyens ». Et c’était une première expérience de démocratie participative. »
Des partis politiques locaux
En fait, ces collectifs citoyens sont des groupes de débat et d’échange, où se construit une vision de la commune, de la société.. Ce sont donc des partis politiques locaux. Evidemment, cela ne dénie pas aux militants et aux adhérents des partis politiques nationaux la qualité de citoyen... « Vous êtes au PS, alors vous recevez vos directives d’en haut ! », m’avait asséné l’évêque de Vannes au cours d’un repas chez le curé, il y a de cela quelques années. C’était un peu culotté de la part du représentant du pape... Mais c’était surtout ridicule. Pas besoin d’interroger la rue de Solférino pour savoir s’il faut construire un centre de loisirs, rénover le foyer logement.
Faux nez ?
Dans l’espoir de faire le grand rassemblement des mécontents, mais aussi pour entretenir le flou sur leurs convictions, leurs engagements, certains brandissent leur absence d’étiquette... « Nous ne faisons pas de politique ». Sans attendre d’autres échéances, demandons-nous – pas la peine de leur demander, ils refuseront de répondre – s’ils donneraient leur signature pour un candidat à la présidentielle, à qui ils donneraient leur suffrage pour une sénatoriale.
Après ce premier test, regardez de près leur programme. Si la promesse de baisser les impôts peut séduire presque tout le monde, essayons de voir dans quelles dépenses ils vont tailler... et quels services seront déshabillés. Moins de personnels autour des enfants des écoles, à la médiathèque ? Suppression des tarifs avantageux dans les restaurants scolaires ? Réduction du soutien aux associations.
Avec ces bonnes questions, vous pourrez vous faire une idée assez juste de l’étiquette qu’ils n’ont pas...
Publié le dimanche 9 mars 2014, par .