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De battre mon coeur a re-commencé

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Comme mon camarade Paul, je suis d’accord pour dire que mon avis personnel importe peu dans la campagne. Mon activité professionnelle et personnelle ne permet pas de m’impliquer autant que je le voudrais dans cette campagne si atypique et pour le moins imprévisible. Loin de posséder la même expérience que Paul, je vais pourtant me poser ici pour vous livrer mon analyse qui en vaut bien d’autres.

La colère gronde...

L’histoire a déjà montré par le passé que les partis les plus autoritaires peuvent parvenir à leurs fins par les urnes plus souvent qu’il n’y paraît. Et depuis bien longtemps je connais le danger du vote F-haiNe. Il prospère sur la peur, la colère et une part jamais résorbée d’une France rabougrie (ex OAS, cagoulards, poujadistes et autres). Certains de nos concitoyens qui sont dans la difficulté ou qui ont peur du déclassement social vont une nouvelle fois exprimer par leur vote F-haiNe, leur agacement, colère, éructation contre le pouvoir en place depuis bientôt 40 ans (Gauche et Droite). Pour partie, ils ont tort car notre lien social, loin d’être totalement disloqué, résiste bien mieux que d’en beaucoup d’autres lieux sur la planète. Mais ce qui est sûr c’est que leur situation, soit stagnante soit plus dure qu’avant, qu’ils soient ouvriers, agriculteurs, employés du privé ou fonctionnaires, artisans ou patrons de PME, chômeurs de longue durée ou jeunes peu ou non diplômés, est difficilement acceptable là où dans le même temps les plus aisés ici en France ou plus loin sont de plus en plus riches.

Ils votent pour crier leurs ressentiments face à cette injustice même si la stigmatisation des étrangers et des musulmans n’a pas grand-chose à voir avec les problèmes qu’ils vivent au quotidien.

L’individualisme au centre...

Le candidat du centre, sous l’effet d’un charisme indéniable, d’une intelligence évidente, de soutiens de professionnels de la politique de tout bord, et de celui presque gênant de la machine médiatique, chancre de la pensée unique depuis bientôt 40 ans, attire sur lui un vote nouveau qui interpelle.

Lors des deux dernières élections présidentielles, j’ai régulièrement fait la remarque que je trouvais étrange que François Bayrou ne rassemble pas plus de suffrages.
Peut-être le personnage paraît-il un peu trop condescendant ? Peut-être son programme fut-il toujours trop libéral ? Peut-être sa filiation politique de centre droit fut-elle trop marquée ?

Le nouveau candidat du centre semble réussir à ce jour là où beaucoup ont échoué avant et après Valéry Giscard d’Estaing. Mais que nous propose-t-il en réalité ?
Le libéralisme, le vrai, le pur, le complet : à savoir, libérons l’économie de son carcan normatif qu’il soit social ou environnemental et libérons les hommes de leurs propres contraintes individuelles.

Ce programme pourrait être doux à mes oreilles si l’exemple des pays qui prônent le libéralisme tout azimut ne me ramenait pas sans cesse à la réalité. Les faits sont têtus, comme dirait l’un de mes camarades, et bien souvent, les travailleurs et la nature y sont une variable d’ajustement de la financiarisation de l’économie.
Alors oui dans ces pays, l’on peut réussir sans diplôme, l’on peut gravir l’échelle sociale et cela peut même aller vite.

Mais à quel prix ?

Des millions de marginaux, de travailleurs pauvres jalonnent la Grande Bretagne, les Etats-Unis, le Japon et même l’Allemagne dont le modèle social est déjà plus abouti.
Les hésitants de gauche ou les convaincus de droite qui lorgnent vers la Marche à Pied me diront que la situation est déjà difficile ici et que la voie tracée par le quinquennat de François Hollande va porter ces fruits. Comme jadis, Blair, Clinton et Schroeder, ils ont effectivement relancé l’économie. Mais je vais vous avouer franchement, je m’en fous un peu. Car dans beaucoup d’endroits sur la planète, l’économie croit et étale ses statistiques avec outrance sans jamais montrer la réalité de la vie quotidienne des femmes et des hommes qui font cette croissance et qui ne profitent que bien peu de celle-ci.

Ce programme est la victoire de l’individu sur le collectif.

Ce n’est clairement pas ma came.

Pulsation

Assez dénigrés les deux favoris des sondages dont j’ai tu le nom ici. Et je ne parle même pas, du trop catholique bourgeois de la Sarthe dont les idées transpirent tant le conservatisme nanti du XIXème siècle que la colère communarde et les luttes Zola-esques me montent au nez.

Mon cœur bat pour autre chose vous l’aurez compris.

Depuis que je fais de la politique, j’ai toujours mis deux choses au centre de mes préoccupations.

Premièrement : Mes congénères qui n’ont pas eu comme moi la chance de faire des études, de voyager et de se cultiver. Ceux qui auraient pu mais que la misère a rattrapés. Ceux qui n’en avaient pas les moyens au sein d’un système éducatif et un marché de l’emploi qui standardisent à tel point que jamais vous n’exprimez vos talents et votre imagination.

Deuxièmement : La jeunesse, dont mes propres enfants. Quel monde allons nous donc laisser à nos enfants ?

Les accents pris par le candidat du PS et des Écologistes dans ces discours sonnent juste à mes oreilles.

Je ne veux pas d’un programme politique sans utopie ni envie d’un avenir meilleur pour chacun d’entre nous.

Je veux effectivement d’un futur désirable.

Désirable comme une jeune femme ou un jeune homme avec qui l’on a envie de construire une vie commune.

Désirable comme un jardin qui nourrit ses enfants des plus vaillants aux plus faibles.

J’ai envie de services publics qui protègent et accompagnent les plus faibles partout sur le territoire et pas uniquement dans les grands centres urbains au gré d’une efficacité budgétaire.

J’aspire à une école qui soit le socle de notre avenir commun en s’adaptant aux difficultés des territoires et des enfants. Quels que soient les outils et méthodes pédagogiques, de faibles effectifs permettent partout où ils existent aux talents de s’exprimer.

J’ai besoin d’un hôpital qui soit valorisé au mieux et non pas à la remorque du privé qui ne gère que le malade rentable. Un hôpital au service des malades et non des industries pharmaceutiques et des conglomérats de soins privés.

J’exige des effectifs de polices affectés à la protection avant tout des personnes, à l’accompagnement de proximité au plus près de la population et non à la poursuite d’une sécurité absolue qui n’existe pas.

Nous devons accompagner toute la jeunesse vers une plus grande ouverture sur le monde au travers de la culture et de la découverte de ce qui nous entoure ici et dans le monde.

Il nous faut mettre la lutte contre toutes les discriminations au cœur de chaque mesure, chaque loi. Sexe, religion, origine sociale ou géographique, orientation sexuelle, notre société se meurt de tant d’obscurantisme.

Nous devons construire un nouveau projet Européen qui soit pensé pour les peuples et non pour les multinationales.

Nous avons à réformer notre république qui se délite toujours un peu plus du fait de sa faible représentativité.

Il est un devoir de prendre en charge la perte d’autonomie, qu’elle soit liée à un handicap, la vieillesse ou la maladie, pour que chaque jour nous soyons fiers de la manière dont nous traitons les plus faibles d’entre nous, car cela peut arriver à tout le monde.

Tout cela et bien plus encore ne sera possible que si notre nouveau modèle de société est durable.

Pour cela, il ne suffit pas de mettre la protection de la nature au centre de nos préoccupations, mais mettre comme préalable à tout, la remise en condition de base de notre mode de vie.

« Ne pas prendre plus à la nature que ce qu’elle peut nous donner sous prétexte d’une rentabilité futile et court-termiste. »

La technologie ne doit être qu’un moyen et non un objectif.

Arrêtons de subventionner un modèle agroalimentaire qui gaspille la terre, gaspille la vie des hommes et des femmes qui la cultivent, gaspille les récoltes et enfin gaspille la santé de ceux qui en consomment les fruits.

Il nous faut revenir à une échelle de temps et de distance qui fait que les terres qui nous entourent servent à nous nourrir nous et non pas d’improbables consommateurs à l’autre bout du monde.

La recherche de la performance industrielle ne doit jamais prévaloir sur le contenu de notre vie. Notre santé n’est pas la variable d’ajustement du taux de rentabilité de la chaîne de production.

Tout cela et bien plus encore si les citoyens participent aux décisions de leurs territoires tous les jours un peu plus en élargissant la démocratie citoyenne.

Donc je soutiens Benoît HAMON et je n’ai jamais eu aussi peu de doute sur le fait que mon vote en plus d’être utile, est porteur d’un avenir sincère et possible.

Publié le vendredi 24 mars 2017, par Boris Lemaire.

Messages

  • Bonjour Mr Lemaire,
    Ce petit mot pour vous féliciter pour ce billet qui met du baume au cœur. Vous résumez parfaitement ma pensée, et en l’exprimant beaucoup mieux que moi. Pour lutter contre la sinistrose ambiante, rien de tel que de voter pour des valeurs, pour des idées qui, contrairement à ce que l’on veut nous faire croire, ne sont pas si utopiques.
    Il est possible qu’à l’arrivée il n’y aura pas assez de monde de convaincu, et bien dans ce cas oui je me résignerai à voter contre au second tour. Mais de grâce, ne nous privons pas de rêver à une France plus belle dès le premier tour....
    Michel Duval

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