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Crise du lait, une catastrophe prévisible

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L’agriculture bretonne est en première ligne dans la crise du lait, mais elle est aussi touchée par la crise de la production porcine. Et la volaille, les légumes ne sont pas en meilleure posture. Pourtant, l’agriculture est une des premières richesses de notre région : génératrice d’emplois, porteuse de l’équilibre des territoires, elle est aujourdhui en danger.


C’est vraiment un crève-coeur de voir tout ce lait répandu sur des champs. Un geste désespéré d’agriculteurs qui se voient au bord du gouffre et qui peuvent à juste titre se plaindre de ne pas avoir été écoutés. Ils disaient que la suppression des quotas annoncée pour 2015 allait déséquilibrer complètement la production aussi bien en Europe qu’au niveau mondial. Et c’est ce qui est en train de se passer avec des effets dramatiques en Bretagne et dans tout l’ouest.

Les quotas, mis en place dans les années 80 par l’union européenne, sous l’influence du gouvernement socialiste ; l’objectif était de stabiliser la production laitière en l’ajustant à la consommation intérieure de l’Europe. Cette politique, qui a subi plusieurs ajustements au fil des ans, a permis de diminuer de façon très sensible les dépenses communautaires liées au secteur du lait, mais elle a aussi assuré un revenu stable aux éleveurs, même s’il y a eu des à-coups

Mais le libéralisme est à la mode, et la commissaire à l’agriculture, Mme Mariann Fischer Boel, a convaincu ses collègues de renoncer à ce système de régulation. Pour préparer le grand soir de la fin des quotas, elle a imaginé le « softlanding », l’atterrissage en douceur (!), et autorisé dès cette année une augmentation des quotas. Et comme toujours, les marchés agricoles ont réagi : des tensions sur les céréales pour des raisons de sécheresse et les prix s’envolent, tandis qu’une légère surproduction fait baisser très fortement les prix à la production. C’est exactement ce qui s’est passé : le prix payé aux producteurs de lait a baissé de 30% en quelques mois.

Les ministres français, Barnier qui est devenu député européen, et aujourd’hui Le Maire, n’ont pas défendu les producteurs de lait. En juillet, M. Le Maire le confirmait lors de sa visite à Lanouée :« Les quotas, c’est fini ! »
Ils auraient pu faire front commun avec d’autres pays comme l’Allemagne et l’Autriche. Maintenant, c’est plus difficile !

Le président de la Région Bretagne, Jean-Yves Le Drian, avec ses collègues,
Laurent Beauvais, Président de la Région Basse-Normandie, et Dominique Tremblay, Vice-Président de la Région des Pays de la Loire, a demandé Gouvernement français de soutenir les éleveurs, via les aides du FEADER, et se sont engagés à agir à Bruxelles pour une régulation publique des marchés et le gel de l’augmentation des quotas de 1% par an.

On aimerait bien que le gouvernement français, et spécialement le ministre, soient aussi fermes dans leur volonté d’agir pour défendre l’agriculture. Il annonçait pourtant en juillet qu’Entremont s’était engagé à payer le prix convenu dans l’accord entre les industriels et les organisations agricoles. Demandez aux quelques 6000 producteurs qui livrent à ce groupe ce qu’il en est aujourd’hui.

Publié le lundi 28 septembre 2009, par Paul Paboeuf.




Post-scriptum

Il faut lire la tribune publiée par Jean-Yves Le Drian dans le journal Le Monde. Au-delà des dangers que court l’agriculture bretonne, il montre bien les enjeux au niveau mondial : la première fonction de l’agriculture, c’est de nourrir les hommes.

Messages

  • Le ministre se fiche complètement des agriculteurs et des producteurs laitiers : tout ce qu’il cherche, c’est à désamorcer la colère.

    Mais après la colère, ce sera le désespoir, et les fermes les plus fragiles vont disparaître.

    ert n’oublions pas que la crise frappe les producteurs de porcs, les légumiers, les éleveurs de vollailles.

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  • Présidence Française

    C’est pendant la présidence française de l’union européenne qu’il aurait fallu agir : Sarkozy avait la main pour proposer un front commun contre la politique libérale de Fisher-Boel, et il aurait pu obtenir le soutien de pays comme l’Autriche et la Pologne. Il était encore dans l’euphorie du libéralisme outrancier et n’a rien fait pour préparer notre agriculture à la crise. Depuis il s’est converti à l’intervention de l’Etat, mais les 6 mois de présidence française sont bien loin.

    Et les producteurs de légumes ?

    La France va être obligée de rembourser des aides directes versées aux producteurs de légumes à hauteur de 500 milllions d’euros. Voilà un sujet qui aurait pu être traité définitivement pendant la présidence française : la tradition européenne autorise le président en fonction à passer à la trappe deux ou trois dossiers gênants... C’en était un. Il n’a rien fait.

    Voir en ligne : L’euphorie libérale ?

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