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Agitation à Questembert

Quelles réponses ?

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L’agression dont un commerçant a été victime le samedi matin 5 avril a provoqué beaucoup d’émotion à Questembert ; d’autant que ces faits venaient s’ajouter à d’autres événements qui avaient exaspéré les habitants du centre-ville, et tous les Questembertois. Tout cela mérite que l’on clarifie les faits et qu’on apporte les informations vérifiables pour éviter la désinformation qui engendre la peur et qui désigne des boucs-émissaires.

Retour sur les faits

Samedi matin 5 avril, au lever du jour, une bande de jeunes adultes ( ce ne sont pas des adolescents) termine une nuit de beuverie dans les rues de Questembert : ils entrent dans le magasin de tabac-journaux et commencent à prendre des revues pour adultes et des DVD. Le commerçant leur demande de s’arrêter, il s’ensuit une bagarre où le commerçant est roué de coups. Quoi que certains aient pu dire, il n’y a pas, à ce moment-là, de sabre japonais, ni de pistolet à grenaille.
Un témoin appelle la gendarmerie, qui, dans la matinée, encercle la maison où habite un des protagonistes. Environ cinquante gendarmes ont été mobilisés pour l’opération supervisée par le lieutenant-colonel Coat, commandant du groupement de la gendarmerie départementale.

A la fin de la matinée, 9 jeunes gens sont interpellés et mis en garde à vue. Ils sont interrogés jusqu’au dimanche matin, et, à la fin des interrogatoires, ils se voient notifier leur convocation devant le tribunal pour le mois de septembre et sont remis en liberté. Certains d’entre eux ont déjà fait l’objet de procédures : depuis l’un d’entre eux a été jugé pour d’autres faits et condamné à des « Travaux d’Intérêt Général ».

Ces faits sont graves et ils portent à son comble l’exaspération des habitants du centre et les commerçants qui envisagent de faire une pétition pour réclamer plus de moyens pour assurer la tranquillité et la sécurité de tous. En concertation avec les élus, le texte est préparé et la signature est organisée pour le samedi 12. A ce jour, plus de 1800 personnes ont signé la pétition.
Cette mobilisation collective ne calme pas, semble-t-il, les fauteurs de trouble puisque, dans la nuit de vendredi à samedi, il y a de nouvelles dégradations en ville (volets roulants d’un magasin, effraction dans le local communal maison Macé, panneaux de voirie, pots de fleurs jetés à terre). L’agitation recommence samedi soir, avec presque les mêmes acteurs : deux d’entre eux sont interpellés vers 19h. L’un a d’ailleurs été condamné lundi après-midi en comparution immédiate. Malgré cette arrestation, d’autres continuent le charivari qui se solde par de nouvelles dégradations. Comme s’il y avait une sorte d’escalade dans la confrontation.

Que fait le maire ?

C’est la question qui revient sans cesse et la réponse est évidemment : « il ne fait rien, pas plus que la gendarmerie d’ailleurs. » Un message largement relayée par une opposition nettement désavouée par les urnes au début mars et qui trouve l’occasion de se refaire une santé en surfant sur les peurs, quitte d’ailleurs à agiter des épouvantails et à donner avec complaisance dans les solutions faciles « yaka faukon ». Incidemment, je veux le démentir avec la plus grande fermeté : je n’ai pas demandé à la gendarmerie de remettre en liberté les auteurs de l’agression ! Si, si, cela a été dit !
Et les porte-parole de l’opposition de réciter l’article L.2212-2 du CGCT (Code Général des Collectivités Territoriales)
qui définit les pouvoirs de police du maire, sans regarder les autres articles du même code, par exemple sur le rôle de la police municipale.
Parce que si on va plus loin, on découvre très vite que tous ces pouvoirs théoriques ne peuvent être mis en oeuvre sans l’appui de la police nationale ou de la gendarmerie, et c’est normal, il s’agit là vraiment des compétences de l’Etat, ce qu’on appelle les fonctions « régaliennes. »

En effet, la police municipale ne peut intervenir avant 6 heures du matin et après 23 heures. Et ses prérogatives sont très limitées : surveillance de la voie publique, sécurité aux abords des écoles, réglementation funéraire (eh oui !), des fonctions tout à fait utiles bien sûr, mais sans aucun rapport avec les interventions qui sont nécessaires pour assurer la tranquillité nocturne du centre-ville.

Et faut-il aussi rappeler que le pouvoir de juger et de punir n’appartient qu’à la justice.

Une occasion pour comprendre qui a les moyens d’agir

La mobilisation de certains commerçants et habitants du centre les a conduits aussi à découvrir les réalités des pouvoirs du maire, des méthodes de la gendarmerie et aussi du fonctionnement de la justice. Il ne suffit pas dire : « on les connaît bien. » Il faut aussi des témoignages formellement vérifiés, ou des flagrants délits constatés par la gendarmerie. Autrement dit, il faut être vraiment citoyen : si vous êtes témoin, témoignez !
Un poivrot qui beugle sur la voie publique, qui se montre menaçant, cela peut se réduire à une procédure d’ivresse publique manifeste avec nuit en cellule de dégrisement. Si cela va plus loin, après avis du médecin, validé par un certificat, appuyé par un arrêté du maire, le fou furieux est hospitalisé d’office... Voilà ce qui se passe habituellement. Trop souvent sans doute, pour votre tranquillité, mais il n’y a pas de crime, tout juste un délit. Et cela prend du temps pour les gendarmes qui ont pourtant d’autres missions. Là, les faits étaient graves, les témoins ont accepté de parler, les auteurs de l’agression ont été formellement identifiés, les gendarmes les ont arrêtés et ont obtenu des aveux. Et la justice a pris une première décision dans cette affaire. Tout cela a apporté un éclairage précis pour ceux qui ont accepté de voir les faits et les rôles de chacun. Autant dire que le discours de l’opposition est tombé un peu à plat.

La gendarmerie a pris conscience du problème questembertois

Voilà déjà assez longtemps que j’alerte les services de la gendarmerie sur la situation à Questembert. Lors d’une rencontre avec le lieutenan-colonel Coat, à l’automne passé, je lui avais fait part de l’exaspération des habitants du centre-ville, particulièrement autour des Halles, de la place Belmont ou encore sur le parking du lycée. Ce n’est que dans le courant de février que, je crois, la hiérarchie des gendarmes a pris conscience de la situation réelle. Et les moyens ont été mis pour que les interventions soient efficaces. Des interventions qui ont conduit à des convocations devant la justice : vendredi 10 avril, deux membres de la fine équipe étaient au tribunal, d’autres - ou les mêmes ! - sont convoqués à la fin de ce mois et aussi en mai. En attendant de repasser au tribunal en septembre.

Pourtant, il faut savoir que ce travail qui prend tant de temps aux forces de gendarmerie n’est pas leur première mission : lors d’une rencontre organisée par l’association des maires, les représentants de la gendarmerie nous avaient rappelé que le premier objectif assigné aux forces de police était de contribuer à réduire les accidents de la route. Et qui pourrait nier que c’est là un objectif essentiel ? Nous nous rappelons tous l’accident du 1er décembre qui a tué deux Questembertois. Un accident lié à la vitesse et à l’alcool. Et le commandant de la gendarmerie départementale soulignait l’impact de la consommation d’alcool et de stupéfiants non seulement dans les accidents de la route, mais aussi dans les violences intrafamiliales, qui sont un autre fléau social. La tranquillité nocturne de nos petites villes ne pouvait être qu’un objectif secondaire par rapport à ces questions clés.

Et maintenant, que fait-on ? Comment ? Avec quels moyens ?

Pour autant, il n’est pas question de rester inerte devant le problème. Conscient déjà de la réalité des incivilités et des dérives parfois violentes constatées en centre-ville, j’avais déjà sollicité, dès 2001, la mise en place d’un contrat local de sécurité ; je n’ai même pas pu aller jusqu’à la formalisation de la demande : votre ville est bien tranquille et de toute façon, le contrat local de sécurité ne s’applique qu’à des villes de plus de 10000 habitants. La perception de la préfecture a, semble-t-il changé : en marge de la rencontre des maires avec les services de l’Etat, jeudi 9 avril, j’ai pu avoir un échange avec M. Alavoine, directeur de cabinet du préfet, sous-préfet en charge des questions de sécurité. Et c’est lui qui a évoqué la mise en place d’un CLPD (conseil local de prévention de la délinquance). A la suite de la pétition, je vais solliciter un rendez-vous avec le préfet : nul doute que la mise en place du CLPD sera au centre de notre conversation.

Publié le mercredi 16 avril 2008, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Cet article, qui attire moins de commentaires que « La roue d’abondance », a le mérite de cadrer et de rappeler aux citoyens le rôle et les limites de l’action du Maire et de la Police Municipale ,ainsi que les faits, alors que depuis les évènements graves du 5 avril la désinformation alimentait les conversations , voire les fantasmes.

    La délinquance est malheureusement aussi veille que le monde ! (Dans ma jeunesse , les « blousons noirs » faisaient parler d’eux et avant guerre les « zazous » …). Cependant, si l’on parle de délinquance en général, force est de constater qu’elle est plus fréquente, plus jeune, sans doute plus féminine, plus spontanée, plus dirigée contre les personnes et surtout plus violente que par le passé.

    La violence gratuite reflète toujours une difficulté personnelle ou collective, et par ailleurs elle révèle une incapacité de communiquer autrement. Il est de fait que dans cette société, nombre de personnes sont dans l’incapacité de communiquer normalement.

    Quelles réponses apportées ?
    Selon l’article, il ne s’agit pas d’actes d’adolescents paumés mais de « jeunes adultes » après une nuit de beuverie mais pour les récidivistes on ne peut parler d’erreur de jeunesse.
    Il me semble, que la prévention est fondamentale pour promouvoir le respect et prévenir la délinquance. Il est aussi toujours souhaitable de traiter les symptômes.
    Mais pour les récidivistes, la prévention reste t-elle la solution la mieux adaptée ? Je crois qu’ il faut être réaliste, à un moment donné, il faut sanctionner, même si je pense qu’il est dommage de privilégier la sanction par rapport à l’éducation.
    Alors, ce n’était pas ma « tasse de thé », mais pour les jeunes récidivistes l’encadrement militaire n’est pas une si mauvaise idée...

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  • bonjour,
    J’ai entendu qu’un article devait paraitre dans le ouest france sur une lettre faite par François Guéant au préfet, mais je n’ai pas vu cette article, qu’en ai t-il ? est il paru ?

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