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Ciné café à l’Iris Cinéma : La Sociale

Soixante-dix ans après, on a sans doute oublié comment fut créée la Sécurité sociale : quels furent les acteurs, les adversaires ?

C’est l’objet de ce film de Gilles Perret qui est soutenu par la ligue des droits de l’homme

Mardi 27 septembre à 20h15

Publié le lundi 19 septembre 2016.

Messages

  • Mardi 28 septembre, cinéma iris, La sociale  de Gilles Perret

    Le film : La sociale

    Le titre dit bien ce qu’il veut dire : une histoire de la création héroïque de la sécu à la sortie de la guerre, impulsée par le conseil national de la résistance .

    Le titre La Sociale reprend le terme populaire. Il s’agit de dire le poids des communistes, et de la classe ouvrière par l’action de la CGT dans cette mise en place. Il s’agit de conserver la mémoire de cette aventure exceptionnelle, autour d’un personnage clé : Ambroise Croizat. Il s’agit de dire qu’un ouvrier pouvait être un héros. C’est bien de rappeler que « le peuple » a des visions et des capacités, que les gens de peu ne sont pas des gens de rien. C’est donc un peu une histoire de saint laïc : une histoire merveilleuse, un combat épique .

    Le point de vue du film est assumé : c’est celui , commun bien sûr, du PC et de la CGT.

    Si les autres intervenants sociologues Colette Bec , Frédéric Pierru , disent clairement qu’un autre personnage , Laroque, a été un acteur important (interview longue, nombreuses évocations de Laroque ), il n’appartient pas au cercle des saints. Jamais on n’entend qu’il était lui aussi un grand résistant, qui a suivi De Gaulle à Londres où il a connu la réflexion autour du rapport Beverige.

    Un point de vue clair donc : hors Ambroise Croizat, point de sécu. Le film retrace les épisodes, les lieux de sa vie, de son combat autour de militants qui l’ont connu, des compagnons de route, un historien ami. Intéressant, chaleureux.

    Le film fait des rappels toujours nécessaires : la justice, la solidarité et non la charité.

    Les images d’archives, nombreuses, sont elles-mêmes riches et émouvantes. Bien utilisées dans le scénario pour faire effet : scènes de foule des grands moments historiques de 36 , de la Libération . L’émotion de ces moments intenses a évidemment un effet clair : elle transfère par glissement l’émotion de ces moments à celle de la création de la sécu.

    Les obsèques de Croizat donnent des scènes impressionnantes avec une foule à la Hugo. Et on voit que le PC soignait rudement ses images, ses reportages : cadrages soignés, caméras sur les toits et vue plongeante sur la foule. Souci d’engranger pour la postérité ?
    Pas grave et même tant mieux : cela fait partie de l’histoire.

    Une histoire militante

    Mais, ce n’est pas non plus une simple célébration d’un passé glorieux, c’est aussi une condamnation politique insidieuse et radicale en quelques plans (de quelques dizaines de secondes chacun) destinés à désigner les « bons et les méchants » d’hier et d’aujourd’hui, à droite, mais surtout à gauche . Et sans analyse.

    Ex 1 : Martinez, secrétaire général de la CGT, bien cadré dans son bureau (qui ne fait pas trop riche bien sûr...) , avec sur le mur au dessus de lui, l’affiche de la figure christique de Che Guévara, qui a incarné tant d’espoirs. Martinez , épanoui, regarde à droite, vers l’avenir. Longue interview... Un peu plus loin, Laurent Berger de la CFDT, (10/11 secondes). Le regard de Berger est orienté vers la gauche, le passé, et on entend juste qu’il faut la préserver, cette sécu . Jean-Claude Mailly de FO est beaucoup mieux traité : discours proche de celui de la cgt, regard dans les yeux de la camera et/ou du spectateur, durée plus longue, connivence.

    Les raccords de plan Martinez et FO se font agréablement (musique, petit temps pour être bien) . La séquence CFDT est plus sèchement intégrée au film.

    La séquence de la visite au ministère : un bijou pour le projet. Il s’agit de visiter les lieux emblématiques de l’origine au ministère du travail qu’occupait Ambroise Croizat. Le ministre socialo, présent, qui visiblement ne sait pas ce qui se passe, se fait piéger : il paraît préoccupé par un autre sujet, et non, il ne connaît pas Croizat (en tout cas, pas dans sa mémoire immédiate)…

    La caméra se déplace, rire sous cape de l’historien qui assure le fil conducteur du reportage : quelques secondes, certes, mais qui instaurent une complicité auteurs spectateurs : quel ignorant ce ministre socialo, assigné d’office dans le camp des « ennemis ». Là encore : la séquence est mal intégrée au film (impression désagréable : pouvoir du montage).

    D’autres « ennemis » apparaissent dans les séquences à l’assemblée nationale. Quelques phrases sélectionnées « contre » la sécu, et immédiatement, un plan sur des députés hilares . Toute parole évoquant une réforme, une modification des choses est caricaturée et leurs auteurs disqualifiés…

    Aucun point vu autre n’est examiné. Pas d’arguments .
    Laissons là : on est dans La vie des saints… Il n’y a rien à dire.

    Et maintenant, l’intervention de Bernard Friot , à l’Iris, après le film, le 27 septembre.

    Bernard Friot, un des trois sociologues interviewés dans le film est présent, à sa demande (ou celle de ses amis de Réseau salariat) pour « accompagner le film. » Il commence par annoncer la couleur : sa conférence le lendemain à Muzillac, consacrée à son cheval de bataille, un salaire pour tous . (lieu, heures, coup à boire = un homme efficace). Ce qui n’a rien à voir avec le film.

    Il enchaîne ensuite sur un discours brumeux, incompréhensible sur ses théories : pas grave, ça fait savant. M Friot est savant, il faut lui faire confiance.

    D’emblée, il accapare, avec brio, le micro. Assène à plusieurs reprises que le « récit » officiel de la création de la sécu est fait par les dominants, et que seul A. Croizat (=la classe ouvrière=le peuple=le pc) ont fait la sécu, balayant ainsi d’un revers de manche les propos des autres .

    Friot a travaillé sur l’histoire de cette création. Il sait que cela n’est pas arrivé tout seul. Il sait la complexité des choses (expérience Bismarck en Prusse au XIX, pas vraiment à gauche, il connaît la mise en place de la protection sociale en Angleterre) Il ne s’embarrasse pas de ces détails.

    Friot fait des retours sur le saint, qui est mort à la tâche, épuisé, à 50 ans (ou environ). C’était quand même un cancer (du poumon je crois). Encore un raccourci gênant. (le raccourci paraît être un outil efficace de persuasion). Etc.

    Que faire ?

    Que faire ? Demander tout à l’heure le micro, pour protester contre cette captation : il se sert du film de G. Perret pour ses intérêts, n’hésitant pas à ignorer ce qui le dérange ?

    Face à un tel orateur (prestance, maîtrise de la voix , de la respiration, de la salle où il est devant, avec le micro, en position dominante), que seraient mes petites phrases, ma petite voix d’asthmatique. Avec à la clé, une salle immédiatement contre , et la position de l’idiot.

    Excédée : je suis sortie. Fâchée que Friot ait volé ce film somme toute sympathique à Gilles Perret (une partie en tout cas).

    Que s’est il passé après ? D’autres ont peut être eu le courage que moi, je n’avais pas.

    Je suppose qu’il a conclu en rappelant la réunion du lendemain soir, notant avec précision : lieu, heure, coup à boire... en homme efficace.

    Deux liens pour ceux qui voudraient se faire une opinion sur les thèses de B. Friot

    http://alternatives-economiques.fr/...

    http://alternatives-economiques.fr/...

    Répondre à ce message

  • Madame,

    Tout d’abord je tiens à dire que je me situe « à gauche » bien qu’encarté dans aucun parti.

    J’ai comme vous vu le film , avec l’intervention de Bernard Friot « au nom du film »et la conférence du lendemain de Bernard Friot « au nom du réseau salariat ».

    Concernant le film

    Le début du billet est faux il est clairement dit dans le film, que Pierre Laroque, bien qu’issu de la bourgeoisie, et en bon serviteur de l’état, a pleinement joué son rôle lors de la création du régime général de la sécu. Une brève biographie est dite dans le film où on explique clairement qu’au moment des lois sur les juifs il a dû quitter ses fonctions, et qu’il a rejoint De Gaulle à Londres en 1943. Le documentaire explique bien cela.

    Peut être Madame Paboeuf était-elle occupée à prendre des notes sur les cadrages, la musique et la mise en scène et n’a-t-elle pas vu ce passage ?

    Rebsamen ne s’est pas fait « piéger » il arrive sans savoir pourquoi l’équipe est là, (l’équipe est juste venue filmer le bureau, les lieux) il dit juste que la sécu c’est dans un autre ministère. L’équipe du film lui réponds qu’à l’époque cela a été fait au sein du ministère du travail. Mr Rebsamen réponds qu’il ne connait pas Croizat, et que de toutes façons, « peu importe, c’est De Gaulle qui a tout fait ! » (on ne peut pas lui en vouloir , à l’époque Ambroize Croizat n’était même pas dans le dico, donc Rebsamen peut « ne pas le connaitre ». C’est François Ruffin qui a fait le siège des maisons d’éditions des dictionnaires pour que son nom y figure.. et cela depuis 2011 déjà !)

    Pour avoir discuté avec le monteur du film après la séance, celui ci m’a même avoué qu’ils ont coupé plein d’interventions de Rebsamen peu glorieuses pour ne pas en faire une cible facile. Sa remarque sur « De Gaulle » vient de manière pertinente appuyer le film qui cherche justement à donner à voir les « oubliés » de l’histoire. Il est quand même notable qu’un haut fonctionnaire ignore l’histoire de son ministère.

    Laroque n’est pas du tout occulté, mais le film cherche à comprendre pourquoi SEUL le nom de Laroque est resté et pas celui de Croizat. Notamment même au sein de l’école qui forme les futurs fonctionnaires de la sécurité sociale.

    Concernant les passages CGT/FO/CFDT, la qualité de l’interview n’est-elle pas non plus le résultat du temps que chacun d’eux a bien voulu consacrer au film ? Si la personne interrogée vous donne une réponse « au détour d’un couloir » comment le mettre « proprement » en scène ? Vous remarquerez que le mouvement des « désaffiliés » pourtant très libéral, a été lui aussi bien filmé, bien cadré, dans un joli décor, avec un temps de parole raisonnable. Vous n’en parlez pourtant pas dans votre billet.

    Bien sûr que le film est militant. Bien sûr qu’il désigne un « ennemi » ou en tout cas une certaine gauche qui s’éloigne de l’idée de départ du front populaire ou du CNR... Un film 100% objectif, et puis quoi encore ? Vous croyez qu’en fasse ils font dans la dentelle ?

    Concernant Friot :
    Sur le « discours brumeux », que vous évoquez j’ai pu voir autour de moi, et en discutant avec des personnes après la séance que la réception n’était pas aussi mauvaise que dans les oreilles de Mme Paboeuf. Je conviens qu’il faut quand même avoir une bonne culture économique pour saisir pleinement les propos de Mr Friot, chacun ses compétences, on ne peut honnêtement pas vous en vouloir, surtout si vous n’étiez pas venue pour ça, contrairement à beaucoup de personnes qui étaient venus aussi pour « voir Friot ». Juste retour des choses que l’on le laisse parler si l’Iris a fait sa pub « avec la présence de Bernard Friot ». Encore une fois, c’est bien pour lui que s’est déplacé une partie du public. La parole lui a été coupé au bout de quelques minutes par le président de l’association Iris qui a repris le micro et a expliqué que « pour approfondir ce thème, allez à la conférence de demain à Muzillac ». Il n’y a donc pas eu de « propagande ».

    Je suis allé à la conférence du lendemain à Muzillac, le point de vue de Mr Friot a été très discuté dans la salle, en sa présence, celui ci acceptant la contradiction et le débat, avec il est vrai, un style « universitaire » au vocabulaire parfois soutenu, qui impose une écoute attentive et un éveil constant de l’auditoire.

    Peut être que Mme Paboeuf ne doit pas oublier d’où elle parle quand elle fait un billet, il est normal que son sang rose ne fasse qu’un tour quand le PS se tourne lui même en ridicule dans le film. Il faut écarter ses passions et s’en tenir aux faits, notamment pour tous ceux qui vous lisent et n’étaient pas là mardi soir.
    Je n’ai en ce qui me concerne aucun soucis pour en parler , mon sang n’est ni rose ni rouge ni bleu, ni noir.. j’essaye juste de raisonner hors des « passions » et de m’intéresser à des sujets variés, y compris celui du salaire à vie (sans d’ailleurs adhérer totalement au concept), pour essayer de comprendre à quoi pourrait ressembler un avenir plus « social ».

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  • Que répondre ?
    Ce billet d’humeur a dû bien vous déranger pour que vous y répondiez avec tant de condescendance .

    Pour éclaircir les choses : pourquoi ce billet ?

    Le blog où il paraît avait lancé une invitation à voir ce film (La sociale, Gilles Perret). Des copains y étaient. Plusieurs ont été perturbés... C’était donc eux les destinataires premiers de ce courrier. (voir l’annonce du film ).

    Mais voilà : un des trois sociologues interviewés dans le film, Bernard Friot insiste pour l’accompagner , et donc, normalement, c’est le jeu, pour le mettre en valeur . Pour répondre aux questions du public. .Mais il n’est pas là pour le film, il recrute pour une réunion politique qui a lieu le lendemain. Le procédé pour moi n’est pas honnête. D’où le billet.

    Revenons à votre réponse, M Vautrin : après avoir lu le billet, vous avez bien ri, je vous imagine sans difficulté avec vos amis « ah ! Ah ! Ah ! mais quel toupet ! De quoi elle se mêle, cette bonne femme ! Même pas économiste (qu’est ce qu’elle peut comprendre la pauvre !) Heureusement qu’elle n’est pas venue à la grande réunion de Muzillac, elle n’aurait rien capté ! Elle ne sait même pas d’où elle parle ! Il faut comprendre un certain vocabulaire, « universitaire », et bien entendre ! » Etc … Passons .

    Mais on peut quand même s’interroger : s’il faut tout ça pour comprendre, qui est le public de M Friot ? Elle est où « la classe ouvrière »  ????? Et que va-t-elle comprendre ? (Pas grave, les universitaires savent, eux. L’inverse absolu de l’éducation populaire qui propose de : partir du connu : « voir, juger, agir » ).
    Embêtant .

    Revenons au film quand même : il est chaleureux, mais l’hommage à A. Croizat n’aurait à mon avis rien perdu de sa valeur si le contexte historique avait été mieux explicité. On aurait même mieux apprécié à quel point sa tâche a été ardue, et admirable.

    Ciné café débat (?)
    Mais ce qui m’a irritée, je le répète, c’est l’échange volé au public, ce ressenti pénible que le « documentaire » a été un prétexte pour la « croisade » de M Friot, qui a tout simplement instrumentalisé le film de Gilles Perret . Et la salle n’a qu ’à écouter .

    Notons aussi qu’ il y avait à la projection des amis/camarades , PC, CGT, CFDT, Socialos, écolos, et autres ; nous avons travaillé ensemble . Que restera t il de tout cela ? Pendant ce temps, qui se frotte les mains ?

    Un mot encore pour les lecteurs qui n’étaient pas à l’Iris mardi soir et ne comprennert pas cet échange : quand le film « La sociale » de Gilles Perret repassera,, ne le manquez pas . C’est un bon moment chaleureux, avec de beaux personnages.. Un témoignage précieux . Avec un beau travail de recherche d’archives qu’on voit rarement et de montage, aussi.

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