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Questions agricoles ; retour sur un débat

15 novembre 2009, 21:06, par Claude

Le dernier bulletin municipal de la commune indique à propos du projet de porcherie de l’EARL Bréhardec le nombre total de bêtes après extension (7018 porcs) et rappelle les techniques visant à réduire les effets néfastes d’une telle installation.

La commune doit donner un avis avant que le préfet accorde ou refuse l’exploitation.

L’argumentaire contre ce projet est, comme le précise Monsieur Paboeuf, solide et sérieux (avis de différentes associations locales comme elementerre, ou régionales comme eaux et rivières de Bretagne ou du syndicat agricole de la confédération paysanne,…).

Les réflexions des élus visant à appuyer le projet sont les suivantes :
Il y a prolifération des algues vertes et l’agriculture semble responsable de ce problème mais est-ce la seule ? […]
La profession a pris conscience des problèmes agricoles et d’énormes efforts techniques et financiers sont faits […]
Une autre conseillère fait part de toutes les contraintes que subit le monde agricole […] (sous entendu qu’il y en a trop mais pas plus d’explications sur ce sujet)
Une autre encore ne connaît pas ce milieu et ses techniques selon ses propres termes mais salut la transparence des demandeurs […]
Monsieur le maire quant à lui réfléchit en terme d’emplois (peut être un emploi créé sans compter les emplois indirects ! Sur ce dernier point, pas d’information si ce n’est de dire que 30% des emplois salariés sur le territoire sont des emplois dépendant de l’agriculture).

La majorité du conseil municipal a donc, au regard de ces arguments, donné un avis favorable au projet. Le conseil récompense donc :
-  les efforts de transparence des demandeurs (rappelons que c’est bien l’objet d’une enquête publique !)
-  le sérieux de la présentation du dossier (dossier élaboré par la firme agroalimentaire Sanders au nom de l’EARL Bréhardec. Il aurait donc été étonnant de trouver des arguments contre le projet !).

C’est une façon confortable de voir les choses mais on ne traite pas du fond de l’affaire. On sent derrière la faiblesse des arguments visant à défendre le projet, qu’un certain nombre d‘élus n’est pas à la hauteur des enjeux et que nous sommes en pleine trahison des engagements électoraux sur cette question du développement durable.

Il faut rappeler que les services de l’Etat (voir position du Préfet des Côtes d’Armor sur le sujet du 04/09/2009) partagent enfin les affirmations et analyses des associations environnementales, de syndicats agricoles autres que la FNSEA, de formations politiques (UDB et Verts) qui dénoncent depuis plusieurs années les graves problèmes de l’agriculture productiviste. Certaines réflexions des élus de Questembert font penser aux propos de M. Baratte de la coordination rurale lors d’une intervention au conseil économique et social du 16 mars 2009 qui pêle-mêle niait la nocivité des nitrates, affirmait que la pollution était uniquement d’origine urbaine et que l’agriculture intensive était une activité dépolluante. Il ne s’agit pas de dire que les agriculteurs sont les seuls responsables de la situation. Comme le rappelle Mona Bras dans un article récent du Peuple Breton ils en sont les premières victimes directes en terme de santé, de casse de l’emploi agricole (- 17000 emplois de chefs d’exploitation entre 2002 et 2007) pour un revenu faible en moyenne (revenu de 12000 euros en moyenne par actif soit moitié moins que le revenu médian français), en terme d’emploi agroalimentaire dérivés mal payés et pénibles. Il s’agit bien d’une responsabilité collective entre les consommateurs, les maires accordant les permis de construire, les préfets qui accordent et le plus souvent régularisent des exploitations toujours plus concentrées, les banques qui accordent les prêts sans se soucier du coût global pour la société, les coopératives et multinationales qui poussent les agriculteurs à l’intégration dans un système agricole intégré infernal…

Alors comme s’interroge M. Paboeuf, faut-il prendre le risque de refuser cette nouvelle structure agricole ?

Compte tenu des forts enjeux en question et du début officiel très récent de la prise de conscience de l’Etat, il me semble que c’est le moment pour l’Etat, les collectivités et les citoyens, qui tous, au travers des politiques publiques en matière d’environnement et d’urbanisme, doivent mettre en œuvre des décisions du Grenelle de l’environnement de s’opposer à ce type de projet agricole. La cohérence des affichages politiques l’impose. Dans le cas contraire, qu’attend-on ? quand commence t-on ? A quoi servent les représentants du Peuple s’ils ont peur de s’engager dans des voies que l’on sait justes ? Pour ma part, j’attends des élus que j’ai choisi qu’ils ne se voilent pas la face, qu’ils tranchent en fonction de l’intérêt général et non en fonction de l’intérêt particulier ou de la simple peur de s’opposer.

Il est temps à Questembert comme ailleurs de ne plus penser le développement durable comme un simple argument électoral. Il ne s’agit plus d’intervenir uniquement au travers de manifestations festives sans lendemain (forums sur l’habitat durable, les fêtes de l’arbre et des talus…) qui sont utiles et intéressantes, mais très en dessous du fond des préoccupations essentielles de cette notion primordiale pour nous et nos descendants.

Claude

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