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Le refus du repli, le pari de l’optimisme

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Parfaitement capable de comprendre la déception, l’amertume de ceux dont le candidat n’a pas franchi le premier tour, j’invite chacun à mesurer les enjeux du second, à se projeter un peu plus loin dans l’avenir et à faire le choix de l’ouverture avec Emmanuel Macron. On risque pourtant de payer quelques erreurs de la campagne menée jusque là.

Se tromper d’adversaire, se tromper d’alliés

Oui, on a quand même trop vu les candidats et leurs militants s’acharner sur ceux qui leur étaient les plus proches. Avec souvent des arguments de bas étage, le dénigrement, les affirmations les plus délirantes. Difficile ensuite de recoller les morceaux pour reconstruire une union contre le véritable adversaire.

A quoi pouvait servir de courir après un leader qui, dès le départ, s’est donné comme objectif de vous faire disparaître du paysage politique : si les deux programmes étaient si semblables, comment les électeurs pouvaient-ils hésiter entre le plus enraciné dans le réel et du coup peu séduisant et celui qui faisait miroiter l’illusion de la table rase et du recommencement absolu ?

Parmi nos adversaires, l’un s’est autodétruit : comment pouvait-il être crédible quand son comportement s’avérait diamétralement opposé aux valeurs qu’il portait en étendard. Du coup, on a même oublié la purge sociale qu’il préparait.

Mais la recomposition est en cours autour de Le Pen : on le voit dans le choix des ni-ni et les ralliements affirmés. Au plan local, il suffira de regarder les chiffres pour comprendre que les voiles pudiques de l’apolitisme se sont déchirés.

Un choix clair, mais sans illusion

S’abstenir, voter blanc, c’est dire, comme Duclos en 1969, « bonnet blanc et blanc bonnet », mais, cette année-là, il s’agissait de distinguer entre Pompidou le « gaulliste » et Poher le centriste falot. Aujourd’hui, qui oserait dire que Macron et Le Pen c’est du pareil au même ?

Oui pour moi, le choix est clair et j’espère qu’il sera partagé très largement. Je suis sans illusion aussi, je ne crois pas au Père Noël, à l’homme providentiel, aux miracles du grand soir. Et je suis étonné d’ailleurs que des militants de la démocratie horizontale, au plus près des gens, des tenants de l’autonomie individuelle la plus farouche, croient que c’est la fin de leurs espérances. Comme si l’élection présidentielle, si grande que soit son importance, était l’alpha et l’oméga de l’action politique. Les combats continueront, heureusement. Par exemple, pour l’égalité, pour la sécurité, pour les services publics, pour des logements décents, pour la participation citoyenne !

La question des inégalités

La combat contre les inégalités doit rester notre première exigence. Ne nions pas les avancées du mandat de Hollande (à voir ici La politique de Hollande a bien eu un effet redistributif.) Mais il faut aller plus loin : le sentiment d’abandon des plus défavorisés nourrit le vote extrémiste en lui proposant comme boucs émissaires, les immigrés, l’Europe, les banques, etc. Et surtout, cet engagement est au cœur des valeurs de gauche : n’y renonçons jamais, nous y perdrions notre âme.

La sécurité

Il faut le culot d’acier de Mme Le Pen pour dire que rien n’a été fait pour assurer la sécurité des Français ! Que ce soit à l’intérieur, avec la création de postes dans la police, la gendarmerie, ou à l’extérieur, grâce à la détermination de notre ministre de la Défense. Mais notre pays, comme l’a rappelé le Président Hollande, est engagé dans une lutte de longue haleine contre les terroristes, souvent des voyous décérébrés fanatisés par un islam dévoyé. Les « solutions » simplistes présentées comme des panacées (internement des fichiers S, par exemple) n’auraient aucune efficacité et marqueraient un abaissement de l’état de droit.

Des services publics pour tous

Je lis ici et là que les « services publics » ont été démembrés. Je ne reviens pas sur l’exemple des forces de sécurité, mais je veux rappeler la création de 60 000 postes dans l’éducation, avec une priorité pour l’école primaire, (sans oublier la relance de la formation des enseignants) ou encore, malgré tout ce qui se dit, le recrutement de 30000 soignants et non-soignants dans les hôpitaux (à lire ici.) Il faut encore aller plus loin, car les besoins sont immenses : comment réaliser l’égalité de l’accès aux soins ou à l’éducation sans y mettre les moyens nécessaires ?

Des services publics partout

Il faudrait ressortir les études et analyses présentées en 2012 qui montraient que les moyens attribués à l’éducation venaient renforcer les inégalités : l’éducation nationale dépensait 47 % de plus pour un lycéen parisien que pour un élève de Créteil ! (à lire ici.) Bien sûr 3200 postes ont été créés dans le cadre du dispositif « plus de maîtres que de classes ». Cependant les inégalités persistent et il faut évidemment continuer les efforts pour le rééquilibrage des moyens entre les établissements favorisés et ceux qui le sont moins.

Dans le domaine de la santé, tout le monde a pris conscience du risque des déserts médicaux. Parmi les réponses apportées, les « pôles pluridisciplinaires de santé » comme celui qui va s’ouvrir prochainement à Questembert semblent une solution prometteuse. Et tout cela devient compliqué du fait de nos propres contradictions : « je veux un médecin tout près de chez moi, mais si je suis vraiment malade, je vais à Vannes, à Rennes ou à Paris ! »

Mais les services publics peuvent et doivent prendre des formes nouvelles. Comme celles qui se développent à travers les « maisons de services au public » confirmées par la loi NOTRe (à lire ici.) Ou ce que pourront permettre les nouveaux outils numériques.

Des logements décents à des prix abordables

Dans le domaine du logement, les carences sont criantes : des logements trop peu nombreux, trop chers. En moyenne, pour un ménage français, le logement pèse 25 % de ses revenus, contre 18 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Et la situation peut encore s’aggraver avec les phénomènes de décohabitation. Dans les zones particulièrement tendues (Paris, Ile-de-France, grandes agglomérations), c’est encore plus difficile, surtout pour les publics précaires.

Redonner de la force à l’éducation populaire

L’élection de Trump aux Etats-Unis a montré la nécessité d’armer nos concitoyens des outils d’information fiable : sur les réseaux sociaux se sont répandues les rumeurs les plus folles, sans que le contrôle des faits puisse endiguer le flot des sottises. Le mal s’est répandu chez nous, surtout du côté des extrêmes, mais on a quand même vu le candidat de la droite prétendre après l’attentat du jeudi 20 qu’il y avait eu d’autres attaques à Paris dans la soirée ! Et, il a osé le répéter le lendemain matin alors qu’il savait pertinemment que c’était faux !

La candidate de l’extrême droite est coutumière de ces contre-vérités. Au besoin, si on vient la contredire avec des données, des chiffres, des faits incontestables, elle prétend que c’est un mensonge. « Les chiffres mentent », disait-elle lors de son passage à l’émission Élysée 2017, sur TF1 mardi 25 avril !

Face à cette stratégie du mensonge, de la rumeur, du n’importe quoi, il faut une réponse solide des élus, des partis politiques, de tous les acteurs de la vie publique pour éclairer les citoyens et les persuader d’exercer leur esprit critique.

Et pourtant, l’optimisme !

Les difficultés qui nous attendent pour les 5 prochaines années sont immenses, n’attendons pas de miracles, car il n’y en a jamais ! Ne nous laissons pas aller au pessimisme cependant, car notre avenir nous appartient, il sera ce que nous en ferons. A condition de refuser le repli identitaire et de faire le choix de l’ouverture.

Publié le jeudi 27 avril 2017, par Paul Paboeuf.




Post-scriptum

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Messages

  • Tu jettes tes mégots et tes paquets de clopes par la fenêtre de ta bagnole mais tu vas voter Front National parce que y en a marre de tous ces jeunes irrespectueux !
    Tu couches sans capote avec des filles que tu connais à peine sans te soucier de leur mode de contraception mais tu vas voter Front National parce que quand même tout cet argent qui va à des assos qui prônent les IVG de confort hein, ça suffit !
    Ton coiffeur, ton docteur, ton tatoueur sont gays, mais tu vas voter Front National parce que quand même, tous ces PD qui veulent se marier et avoir des enfants, c’est dégueu !
    Tu achètes des jouets pour Noël fabriqués par des petits chinois sous payés parce que c’est moins cher, mais tu vas voter Front National parce que y en a marre du chômage en France !
    Tu emploies des artisans au black, tu bosses toi-même au black, mais tu vas voter Front National parce qu’il faut en finir avec tous ces gens qui fraudent le RSA !
    Tu perçois tes allocations familiales, tu râles parce que Mamie n’a pas assez d’aide sociale pour sa maison de retraite, mais tu vas voter Front National parce que vraiment, y a trop d’allocations en France !
    Tu es pompier, tu vas faire grève parce que le Conseil Général veut baisser tes dotations de fonctionnement mais tu vas voter Front National parce qu’il faut faire des économies d’argent public et ne pas remplacer un fonctionnaire sur 3 qui part à la retraite !
    Tu ne vas jamais à la messe, tes enfants ne sont pas baptisés, t’as jamais ouvert une Bible, mais tu vas voter Front National parce que c’est une honte tous ces musulmans dans un pays de tradition chrétienne !
    Tu roules à 180 sur l’autoroute, tu téléphones au volant, tu as un avertisseur de radars, mais tu vas voter Front National parce que le laxisme de cette négresse de Taubira avec tous ces délinquants, c’est plus possible !
    Tu écoutes le Massilia, tu es content d’aller aux concerts des Soirées d’automne ou des Guinguettes de l’Auzon parce que c’est pas cher grâce à des financements publics, mais tu vas voter Front National parce que c’est plus possible de financer toutes ces associations culturelles !
    Tu fumes de la beuh, tu te fous de la coke dans les narines tous les week-ends en soirée, mais tu vas voter Front National parce qu’il faut en finir avec tous les trafiquants qui créent de la délinquance dans les quartiers !
    Tu es fils ou petit-fils d’immigrés algériens, italiens, espagnols ou polonais, mais tu vas voter Front National parce qu’on n’est plus chez nous décidément !
    Tu loues des gîtes hors de prix à des Belges, des Hollandais, des Allemands, toi ou tes parents vous êtes fait des couilles en or en leur vendant maisons et terrains, mais tu vas voter Front National parce que vraiment, l’Europe, c’est du grand n’importe quoi qui nous fout dans la merde !
    Tu es agriculteur, tu fais venir des espagnols, des marocains ou des polonais pour bosser chez toi parce qu’ils sont pas trop chiants, mais tu vas voter Front National parce que ça suffit que les étrangers volent le pain et le travail des français !
    Tu lèves pas le petit doigt à la maison, ta femme se tape toutes les tâches ménagères et elle se démerde avec les enfants, mais tu vas voter Front National parce que tous ces musulmans qui respectent pas les femmes et les forcent à se voiler, c’est une honte !
    Tu n’as jamais donné la moindre pièce à un SDF, tu considères qu’ils n’ont qu’à bosser comme tout le monde, mais tu vas voter Front National parce que c’est une honte d’aider les réfugiés syriens plutôt que « nos » SDF français !
    Tu es abonné au Vélodrome, tu cries des Oh Hisse Enculé à chaque dégagement du gardien adverse, tu insultes l’arbitre à tous les matchs de ton gamin, mais tu vas voter Front National parce que eux au moins, ils vont arrêter de donner des subventions aux clubs de sport qui accueillent des racailles !
    La liste pourrait être encore longue, tout cela n’est qu’une réflexion qui m’est venue après avoir vu une bonne femme balancer son mégot sur ma voiture en roulant l’air de rien, mais avant de mettre votre bulletin dans l’urne, demandez-vous juste au moins si ce que vous faites au quotidien a quand même un vague rapport avec ce pour quoi vous allez voter

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  • Pour alimenter le débat voici quelques projections et réflexions proposées à l’appréciation de chacun. Nous sommes actuellement dans une phase de transformation sociétale profonde qui nous conduit à prendre en compte le fait qu’on ne peut pas préparer l’avenir avec les solutions d’hier. Cette clé de lecture du monde est d’ailleurs une clé judicieuse pour évaluer la pertinence des propositions et programmes des politiques. Cette situation pose un cadre complexe qui nous force à imaginer des solutions nouvelles adaptées aux problèmes de demain avec le risque d’être incompris par tous ceux qui raisonnent à partir de leur vécu, c’est à dire en prenant appui uniquement sur leur connaissance du passé. L’utopie est une force nécessaire qui fait avancer quand elle se confronte au principe de réalité, dans la situation actuelle le problème vient en partie du fait qu’il nous est encore difficile d’imaginer la réalité de demain et que ce serait une erreur de prendre en compte la réalité d’hier, voire même d’aujourd’hui comme base de référence pour agir. Un article de Guillaume SERRIES (ZDNet) qui présente les propositions de Tim BERNERS-LEE (l’inventeur d’internet) va dans ce sens et nous donne quelques éclairages sur la nécessité impérative de pouvoir imaginer des solutions neuves qui peuvent encore pour certains paraître comme irréalistes, alors qu’elles sont sans doute salutaires pour la société. A travers son article, il pointe du doigt ce que les « intelligences artificielles » (IA) risquent de chambouler dans les années que nous entamons en détruisant un équilibre établi, équilibre qui a d’ailleurs commencé à être bien ébranlé depuis déjà plusieurs années. Cet article n’est pas sans rappeler aussi l’ouvrage de Emmanuel DAVIDENKOFF intitulé « le tsunami numérique ». Oui, le monde change en profondeur et nous invite à repenser les équilibres en étant imaginatifs, créatifs et solidaires et... en ce sens parler aujourd’hui de « revenu universel de base » est probablement bien moins dangereux que ce que certains prétendent car cela montre une prise en compte d’une réalité nouvelle qui nous invite à imaginer la vie dans le monde de demain.
    L’article de Guillaume SERRIES : est consultable sur le site de ZDnet.

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