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Le débat sur la vidéo-protection, éléments de réflexion

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Au conseil du mois de mai, j’ai proposé qu’on réfléchisse sur l’hypothèse d’installer des caméras de vidéo-protection à quelques points bien définis du centre-ville. Cela fait suite aux échanges qui se sont tenus à la réunion du CLSPD (comité local de sécurité et de prévention de la délinquance) le 20 mars dernier.

La réalité des chiffres de la délinquance

Au cours de cette réunion, à laquelle participaient entre autres M. Myard, directeur de cabinet du préfet et M. Phélippeau, procureur de la République, le lieutenant Raut, commandant de la Communauté de Brigades, a présenté les données chiffrées de la délinquance ; les chiffres sont très parlants : la baisse est nette, malgré l’impression que peuvent donner des événements comme le braquage de la bijouterie ou l’agression à la supérette. Comme le notait le représentant du préfet : « dans un contexte général de tranquillité, deux faits comme ceux-là prennent tout de suite un caractère dramatique »

Des précisions sur le CLSPD

J’avais, à plusieurs reprises, demandé aux préfets successifs de mettre en place à Questembert un CLSPD Comité local de sécurité et de prévention de la délinquance, parce que je sentais monter des tensions liées à des incivilités. J’avais essuyé des refus polis, jusqu’au jour où le buraliste de la place de la Libération avait été agressé et blessé par un petit groupe de jeunes excités : l’événement était suffisamment grave pour qu’enfin le représentant de l’Etat accepte de créer cette instance. Il faut dire que quelques heures après les faits le colonel en charge de la gendarmerie départementale était sur place avec une cinquantaine d’hommes armés pour encercler la maison où le petit groupe était installé.

D’une certaine manière, on prenait enfin conscience des réalités que j’avais signalées depuis un moment. J’ai lu récemment dans le journal que c’était le conseiller général qui avait demandé au préfet de venir me dire ce qu’il fallait faire.... Disons que c’est au moins une distorsion de la réalité... ou tout simplement un mensonge.

C’est vrai qu’à l’époque il avait contribué à faire monter la sauce (la pétition sous les Halles.) Au point qu’aujourd’hui encore, Questembert a la réputation d’une ville agitée. Que chacun se renseigne : il se passe autant de faits de ce genre dans les petites villes comme la nôtre. Mais notre « mauvaise » réputation est faite : merci, Monsieur le Conseiller Général, vous travaillez pour Questembert !

La vocation du CLSPD, comité local de sécurité et de prévention de la délinquance, est de rassembler tous les acteurs de la tranquillité et de la sécurité : le représentant du préfet, le procureur, la gendarmerie, la police municipale, mais aussi les responsables de l’enseignement et de l’animation jeunesse ou les représentants des commerçants.

C’est dans ce cadre que nous avions demandé à la gendarmerie de bénéficier à titre de conseil d’un « diagnostic de sûreté ». Le document réalisé par l’adjudant-chef Audin avait été présenté en mairie en juillet 2012. Entre autres suggestions, il avait repéré plusieurs sites susceptibles d’être équipés de vidéo-protection. Outre les deux ou trois endroits auxquels nous avions nous-mêmes pensé, la place Belmont devant le cinéma, autour des Halles, et autour des salles de sports, il nous proposait d’installer des caméras autour du rond-point de la place Gombaud, lieu stratégique par où passent la plupart de ceux qui entrent ou sortent de la ville.

La question de la vidéo-protection est évidemment revenue lors du dernier comité local de sécurité et de prévention de la délinquance, le 20 mars 2013. J’ai demandé au DGS de réaliser une préétude de faisabilité sur les sites préconisés par M. Audin. Les installations préconisées représenteraient une dépense d’environ 50 000 euros, dépense subventionnée aux alentours de 20%.

Ceux qui croient – ou font semblant de croire – que la vidéo-protection est la solution unique, la panacée, le remède miracle, disent qu’il y a quelques années, l’aide de l’Etat s’élevait à 50% et que, par conséquent, j’ai fait perdre de l’argent à la collectivité... Des subventions à hauteur de 50%, sans doute, mais le prix des équipements était aussi beaucoup plus élevé : en 2008, nous avions évalué le coût à 250 000 euros, et même avec 50% d’aide de l’Etat, ça faisait encore beaucoup d’argent, pour un résultat qui n’a rien d’assuré. (Tiens, où sont les spécialistes des finances qui nous expliquent qu’il faut regarder à la dépense ?)

Mener un vrai débat

Le rapport coût/bénéfice attendu permet aujourd’hui de lancer un vrai débat sur le sujet. Ce sera un élément de réponse à la demande de tranquillité publique par un effet de dissuasion, cela contribuera sans doute à rassurer nos concitoyens, les enquêteurs peuvent y trouver une aide utile. Mais on sait aussi que les caméras ont un « effet plumeau » : les petits voyous se trouveront d’autres lieux. Et puis les machines, fussent-elles ultra sophistiquées, ne peuvent résoudre l’ensemble des problèmes sociaux. Là, comme ailleurs, la mécanique ne peut remplacer l’humain : la présence sur le territoire des services de gendarmerie, de la police municipale, l’attention bienveillante entre voisins. La vidéo-protection sur des espaces publics ne doit pas non plus empêcher les commerçants de s’équiper de matériels de sûreté.

Le débat doit aussi permettre de lever toutes les craintes concernant les libertés : les caméras ne peuvent « voir » que ce qui se passe sur les espaces publics, les images enregistrées ne sont regardées que si l’autorité judiciaire en fait la demande et par des personnes dûment habilitées, les images sont automatiquement effacées au bout d’un mois maximum.

Voilà quelques éléments de débat sur un sujet qui, me semble-t-il, soulève moins de passions aujourd’hui. Mais surtout que chacun accepte de considérer que ce n’est pas la solution miracle pas plus qu’un déni de liberté.

Publié le mardi 18 juin 2013, par Paul Paboeuf.




Post-scriptum

Pour une fois, je reprends la même thématique que dans le bulletin municipal. Mais le sujet m’a paru le mériter.

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