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La dignité de la politique

La campagne et les résultats des cantonales

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Les résultats sont tombés : candidat de la gauche, je suis battu par le sortant, par la droite, par l’UMP car M. Burban a retrouvé son étiquette sur le site du ministère de l’intérieur. A mesurer bilan contre bilan, projet contre projet, nous étions nombreux à penser que le scrutin serait plus favorable. Il n’en a rien été, et cela mérite sûrement un peu d’analyse, sur le mode de scrutin, sur les arguments développés, sur les reports de voix, et peut-être aussi sur la morale politique.

Le mode de scrutin, ses effets, sur le projet, sur le vote

Le scrutin uninominal à deux tours a des effets bien connus : il favorise les notables, de préférence les moins audacieux. Il est très défavorable aux femmes, et globalement à la mixité. Ce n’est pas parce que maintenant il faut présenter un « ticket » homme/femme que cela change profondément et d’ailleurs, on dit que le féminin du mot candidat est... suppléante. Pourvu que vous soyez connu (e), que vous fassiez un peu de salamaleks aux uns et aux autres (ma mère disait qu’il fallait être un « peloteur », entendez un flatteur), vous avez vos chances, même si personne n’a trop d’illusions sur vos capacités... Peu importe que vous ayez un projet, il vaut mieux promettre localement à qui un rond-point, à un autre une résidence partagée, ou encore une subvention que de parler du département tout entier.

Si la réforme territoriale votée par le parlement va à terme, si donc les Français n’ouvrent pas les yeux sur l’action réelle du président Sarkozy, vous élirez en 2014 des conseillers territoriaux dans de nouveaux cantons, sans forcément de lien avec vos territoires de vie quotidienne. Comme aujourd’hui, les habitants de Péaule, qui ont plus de contacts avec Muzillac et ceux de Pleucadeuc, intégrés dans la communauté de Malestroit, ont voté dans le canton de Questembert.

Les arguments : non, tout n’est pas bon

Officiellement, à lire les professions de foi, vous pouviez avoir l’impression que les arguments du sortant correspondaient à sa vision politique, à sa perception de son bilan, et à ses engagements pour l’avenir. Il était donc possible d’y répondre, de contester ou pourquoi pas ? d’approuver : l’action du département en matière d’environnement peut être considérée comme insuffisante, mais elle existe ; comme la politique en faveur des personnes âgées, etc. Libre à chacun d’avoir une autre analyse, de faire d’autres propositions. Cela s’appelle le débat démocratique. Mais que répondre lorsque sont reprises des accusations infamantes comme celle qui dit que je serais responsable de la mort de Mme X ? Et ce n’est qu’un exemple.

Les reports entre les deux tours

Aucun candidat n’est propriétaire de ses voix. Les annonces emberlificotées du candidat des Verts n’ont pas contribué à la clarification des choix. De plus, les relations difficiles tant au niveau départemental que régional entre le PS et EE-LV n’ont pas facilité les reports. Il est vrai que s’entendre traiter d’escroc par la chef de file des Verts pouvait être difficile pour Le Drian.

A droite, rien ne s’est dit, mais tout s’est fait. Dès le premier tour, à Questembert, le Front National ne faisait pas même 6%, alors qu’il en faisait presque 10 à l’échelle du canton : le transfert était fait, sans surprise pour personne. De fait, les thématiques sont les mêmes : les réflexes de peur, les rumeurs sur la délinquance forcément galopante, les préjugés approuvés sur les « profiteurs » de nos systèmes sociaux, c’est-à-dire, les immigrés, les chômeurs et pas les bénéficiaires du bouclier fiscal...
Ce n’est même plus de la « porosité », comme on dit à Sciences Po, ce sont les vases communicants.

La dignité des électeurs

La campagne électorale doit permettre d’aller vers les électeurs pour présenter ses arguments, mais il faut absolument respecter la dignité des citoyens et j’emploie le mot à dessein : faut-il aller capter des voix et des procurations chez des personnes dont tout le monde sait que leurs capacités sont diminuées ? Et qu’on ne m’objecte pas que je refuse la « citoyenneté » à ceux que frappent la dépendance du grand âge : il y a même dans le code pénal des articles qui répriment l’abus de faiblesse. Eh oui, je préfère ma défaite à une victoire en partie fondée sur le mépris du citoyen.

Publié le mardi 29 mars 2011, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Mon tour du marché ce lundi a été plus long, beaucoup de mains se sont tendues, parfois des joues. Pas de doute les campagnes électorales ça sert aussi à cela : connaitre les gens.

    Le basculement du canton de Questembert n’a pas pu se réaliser malgré l’important travail de terrain que nous avons mené collectivement. J’en suis déçu même si j’ai eu la satisfaction de mieux connaitre le canton et ses habitants, et vous sympathisants et militants.

    Nous n’avons pas gagné mais nous avons écrit une belle histoire commune pour notre canton.

    Je mesure également l’investissement de toute l’équipe soudée et dynamique. Vous n’avez pas ménagé vos efforts. J’aurais aimé qu’ils se concluent par une victoire pour que les choses changent dans notre canton.

    Paul a mené une campagne électorale sans artifices inutiles, privilégiant l’écoute, le dialogue et l’explication de propositions.

    En face, chacun le mesure, il y a eu, depuis plusieurs mois, l’artillerie lourde déployée par ses adversaires ; les accusations mensongères, les tentatives d’intimidation et de déstabilisation, les attaques personnelles n’ont pas manqué ! Même si je savais qu’en m’engageant dans cette bataille, au coté de Paul, que je remercie de sa confiance, rien ne serait facile, tout cela me semblent pas avoir sa place dans une démocratie.

    Une défaite n’est jamais agréable …il suffisait de voir les dirigeants UMP dimanche soir sur les télés.

    Je tenais à vous dire, militants comme sympathisants, à quel point je suis fier d’avoir porté, avec Paul et Cécile, vos couleurs et vos espoirs. Vous aussi, par votre action et votre soutien par des temps difficiles, ou chacun a tendance à se replier, vous êtes ma fierté. Le travail que nous avons commencé à mener ne doit pas s’arrêter, il y a encore des tâches à mener sur ce canton pour le faire basculer.

    Nous sommes plus que jamais déterminés à poursuivre pour que notre volonté commune se concrétise dans trois ans !

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