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L’heure du choix

En un combat douteux

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Cela s’appelle éditorial, je prends donc la liberté d’y exprimer aujourd’hui mes réflexions avant le premier tour de l’élection présidentielle. Ce que je refuse, ce que je souhaite. Vous en ferez ce que vous voudrez, selon vos idées, vos valeurs, sans trop céder à vos humeurs.

Car je vous accorde le droit de ressentir de la mauvaise humeur. A condition que cette bile ne vous brouille pas les yeux : non, les élus et les candidats ne sont pas tous corrompus, ni tous incompétents, ni tous attachés à des privilèges, la plupart sont parfaitement honnêtes, et veulent d’abord le bien commun.

Que votre rogne ne vous conduise pas non plus à vous abstenir, à voter blanc ou à désigner un candidat - quel qu’il soit - pour rire. Alors prenez quand même le temps de lire et relire les programmes pour choisir le candidat le plus proche de vos convictions. Même si vous croyez avec raison que votre unique voix ne changera pas la face du monde, votre choix contribuera à façonner notre avenir commun.

Nous sommes responsables de notre avenir

Et notre avenir ne peut pas être un retour vers le passé, vers une France qui serait conservée dans la naphtaline, recroquevillée sur une identité frileuse, une France qui serait vouée à une vie de sacrifices (enfin pas pour tout le monde). Pas plus qu’on ne peut rêver d’un avenir radieux qui s’ouvrirait après le grand soir. « Nous tisserons le linceul du vieux monde », chantaient les canuts de Lyon... qui refusaient d’ailleurs l’avènement d’un monde nouveau, marqué par de nouvelles technologies.

Sans doute, pouvons-nous dessiner un futur qui serait désirable, encore faudrait-il que ce soit un futur possible.

Les contraintes sont fortes, elles ne seront surmontables que si, collectivement, nous osons l’optimisme, l’espoir. Pas l’optimisme béat du santon Lou ravi de la crèche, mais l’optimisme qui, s’appuyant sur l’observation du réel, accepte d’agir pour que ça aille un peu mieux, sans croire aux miracles : l’optimisme des faisous, contre le pessimisme des disous.

Car j’en connais qui, confortablement installés sur le balcon ensoleillé de leur résidence de retraités, vous expliquent combien les inégalités sont cruelles, mais qui jamais n’ont rien fait pour que cela change. Bon, ils ont fait du tennis, du surf... et ils sont allés au cinéma voir Merci patron, ou Moi, Daniel Blake. Et pas grand chose d’autre.

Quelques sujets qui me tiennent à cœur

Et d’abord l’éducation. Oui, il faut mettre plus de moyens, continuer ce qui a été commencé avec François Hollande. Avec un effort pour l’école primaire : des classes moins chargées, des maîtres mieux formés et mieux payés. Mais les moyens ne sont pas tout ! Et je ne crois pas qu’il faille rayer d’un trait de plume la réforme du collège, malgré ses imperfections, ni revenir à la semaine de quatre jours : on voit bien à qui ces « promesses » font plaisir !

L’environnement, ensuite. Oublions ceux qui considèrent que « l’environnement, ça commence à bien faire ! » Et d’accord pour que notre pays vise à une empreinte écologique neutre, sans accroître sa dette envers la nature et même au contraire avec l’objectif de réduire la dette accumulée. Atteindre ce but nous oblige à nous appuyer sur l’Europe ! L’Europe que plusieurs candidats vouent aux gémonies.
Pourtant, ce sont les normes européennes qui nous ont tous obligés à progresser dans la qualité de l’eau, la protection des ressources naturelles, la réduction des gaz à effets de serre. Quand on voit les résistances locales à ces normes européennes, on se dit heureusement qu’elle est là.

L’Europe serait trop technocratique, trop bureaucratique. Certainement, mais ce discours est une facilité que s’accordent des politiciens pour masquer leurs responsabilités : ainsi, la fin des quotas laitiers, dont nous n’avons pas encore fini de voir les conséquences, a été acceptée par Bruno Le Maire, ministre de l’agriculture de Sarkozy. A ce sujet, le documentaire « La Négociation » montre bien comment la nouvelle PAC a été construite de façon plus verte et plus favorable aux petites exploitations par Stéphane Le Foll. A voir ici.

Et puisqu’il est question d’agriculture, autant se rapporter à ce que la Région Bretagne a pu réaliser à travers sa politique « Pour une nouvelle alliance agricole en Bretagne »..

Voilà quelques points qui vont fonder mon choix pour dimanche. Mais je suis aussi attentif aux questions de santé, de sécurité, aux problèmes liés aux retraites, à la place de notre pays dans le monde.

Et en fin de compte, je n’attends « ni dieu, ni césar, ni tribun » comme on le chantait dans l’Internationale, mais un président qui fasse son métier de président, à qui on peut demander des comptes (voir par exemple ce bilan du quinquennat qui s’achève), un président qui ne se prétende pas un surhomme, un président normal quoi, qui ose dire ce ce qu’un président ne devrait pas dire, qui aille, sa journée terminée, retrouver sa Julie, si ça lui chante.

Publié le mardi 18 avril 2017, par Paul Paboeuf.

Messages

  • Bonjour Paul,

    Comme toujours excellent éditorial plein de malices .
    2016 a connu le décès de mes 2 pères, le biologique et le politique (même si le premier avait aussi un engagement fort) et entre le cœur, la raison et l’utile ils ne peuvent plus me conseiller. En 1969 c’était plus simple Rocard bien sur !

    Bon vote (selon notre conscience)
    Bien à toi
    Claude

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  • Merci Paul pour ce partage de réflexion sur lesquelles je me retrouve assez bien pour la plupart.

    Pour contribuer à la réflexion de chacun voici en retour quelques réflexions personnelles sur le sujet. Pour ma part, je déplore l’influence trop grande du modèle pensée unique qui empêche l’expression des idées essentielles, qui donne parfois trop de place à l’accessoire et pas assez au fond. L’enjeu est bien de savoir quelle société on veut construire ensemble et de chercher ensuite le programme le plus en phase avec le projet de société attendu. Faut-il privilégier le système ? Ou ne vaut-il pas mieux s’intéresser à l’humain ? Contrairement à ce que relaient les médias en ressassant l’idée que c’est une élection inédite où les électeurs son égarés et n’arrivent pas à se décider jusqu’au point de les en convaincre, je trouve au contraire que le panel de choix est plutôt large et positif et qu’il y a moyen de faire des choix raisonnés et porteurs de sens. En épluchant les programmes, il y a ceux qui sont porteurs de valeurs, ceux qui masquent des valeurs sous-entendues, il y a les candidats qui parlent de justice, mais qui ne la respectent pas, qui parlent des démunis, mais qui proposent des réformes qui vont en créer davantage encore. Je suis d’une génération qui a vu disparaître les « clochards » ou autre « mendiants » qui passaient de ferme en ferme, ce sont sont les termes que l’on utilisait dans les campagnes quand j’étais gamin et je suis inquiet de voir que ces laissés pour compte qui avaient pratiquement disparu sont revenus en masse, signe d’un système qui sélectionne plus qu’il n’intègre. Oui, notre système est en panne et il n’est pas nécessaire de le réparer connaissant ses travers et les résultats qu’il produit, j’en veux à un modèle politique, dont l’élite est issue de quelques rares grandes écoles et qui a formaté un système rendant peu lisibles les projets au point que certaines étiquettes sont devenues illisibles et inconpréhensibles, ces politiques ont trop souvent oublié d’écouter le peuple au sens noble du terme et pensé que leur parcours de grande école (et là c’est volontairement que je ne mettrai pas de majuscules car elle ne sont pas méritées) leur donnait un statut de maître de la vérité. Ce système a conduit à la situation que l’on connaît aujourd’hui où ils se sont déconnectés des électeurs, entraînant une perte de confiance et de crédibilité envers le monde politique en général. Je rejoins Paul et je veux appuyer à 100 % l’idée qu’il apporte quand il laisse entendre que tous les politiques ne sont pas identiques, qu’il y a toujours des politiques intègres, connaissant plutôt bien le terrain, ayant la conviction que leur programme est au service des personnes et avec un projet de société en point de mire.

    Contrairement à ce que l’on entend parfois, je pense que les concepts de gauche et de droite sont toujours bien présents, car ces deux termes sont associables à des valeurs qui la plupart du temps s’affrontent puisqu’elles ne servent pas le même projet de société. Par contre, je pense effectivement que certaines personnes se sont affublées des étiquettes qui ne leur correspondaient pas et ça, effectivement, ça sème le trouble et cela conduit à répandre l’idée que les politiques sont tous pareils ! L’idée de vouloir rassembler dans la même bergerie les loups et les agneaux est plus qu’une utopie1, c’est de la naïveté, ou alors de la manipulation. Nous avons du choix pour dimanche, la question est de savoir entre quels projets de société nous voulons pouvoir choisir au second tour, c’est un choix positif entre des valeurs de gauche ou des valeurs de droite, portées par des personnes intègres ou par des candidats pour lesquels le décalage entre les valeurs à travers lesquelles ils se reconnaissent, le discours qu’ils tiennent et le comportement qu’ils ont, donne déjà suffisamment d’indications pour se faire une idée de leur pertinence.

    Nous sommes dans une société en transformation profonde, oui, nous devons prendre en compte cette transformation impulsée par présence de la technologie, mais cela ne doit pas nous faire mettre en second plan nos valeurs, au contraire celles-ci doivent nous guider dans nos choix, sinon, c’est le modèle dominant qui façonnera la nouvelle société sur les bases de ses propres valeurs. La vraie gauche a son mot à dire et elle doit aussi participer activement à la construction cette nouvelle société et les élections sont une bonne occasion pour prendre part à cette modernisation nécessaire qui doit rester au service de l’humain, à condition qu’elle soit présente sans ambiguïté au second tour.

    Concernant le volet européen, je partage aussi l’idée de Paul sur l’importance de ne pas casser cette union, mais je pense que le débat actuel est beaucoup trop binaire et qu’il contribue à nuire à des idées positives. Il ne s’agit pas de savoir s’il faut rester ou sortir de l’Europe, mais davantage de savoir de quelle Europe on parle. Lors du référendum « Êtes-vous pour ou contre l’adhésion à l’UE ? » j’ai personnellement participé au collage de l’affiche « Oui à l’Europe des Peuples, Non à l’Europe des marchands » ; force est de constater que nous avions raison, on a construit l’Europe des marchands pilotée en grande partie par la finance, on voit aujourd’hui où cela nous a conduit. La question n’est donc pas de savoir si on reste ou si l’on sort, mais bien de prendre en compte ce qui ne fonctionne pas et d’y apporter des corrections nécessaires au service d’une Europe forte et elle-même au service des peuples.

    Oui, on peut aller voter dimanche et on peut faire un choix positif dans la palette qui nous est proposée car elle le permet. La démocratie sera ce que nous en ferons ! Alors votons !

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  • Que de chemins détournés pour ne pas avouer ouvertement votre choix pour Macron !
    A quoi à servi la primaire de la belle alliance populaire ou les perdants ne respectent pas la règle du jeu.
    cordialement

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  • Bonsoir PAUL ,

    je suis favorabe à un bon quiquenat d’ensemble du président Hollande .
    Les éléments ont ete parfois contraires meme pluvieux .

    mais comment ne pas etre offusqué par la non décsion sur le nouvel aeroport de Notre DameDes Landes suite à un référundum .
    Nous avons une désunion entre les citoyens et l ’état devait jouer son rôle .
    en second j ose parler de la qualité de l’eau en Bretagne .
    la région a souhaité se rapproprier la gestion de l’eau et l’état a refusé .
    rien ne change ,on prend la province pour des manants . tout se décide de Paris .
    quand prendrons nous conscience que notre futur existe localement et la mer notre plus proche allié .

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