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Devoir de mémoire

19 mars 1962

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Depuis longtemps déjà, les anciens d’Algérie ont choisi de rappeler la fin des combats le 19 mars, en souvenir du 19 mars 1962, date du cessez-le-feu signé par les accords d’Evian. En participant à la cérémonie du 19 mars, nous rappelons ce qu’ont vécu des centaines de jeunes Français en Afrique du Nord, et particulièrement en Algérie, les souffrances qu’ils ont endurées là-bas au cours de cette guerre sans nom. Nous saluons leur courage, leurs sacrifices, nous saluons la mémore des victimes militaires et civiles.

Ils y sont allés en tant que conscrits, en tant que citoyens, parce que la patrie avait commandé d’y aller, ils ont accompli la mission que le pays leur avait confiée. Ceux qui en sont revenus étaient marqués pour toujours, certains définitivement blessés dans leur corps ou dans leur âme, et ils ont droit à notre reconnaissance et à notre respect.

La date du 19 mars s’est imposée pour la plupart de ceux qui ont vécu ces événements mais aussi pour beaucoup d’élus de toutes opinions, comme en témoigne la stèle qui a été installée à la Croix Neuve à Questembert.

Le 19 mars en effet s’impose parce que c’est la date définie par les accords d’Evian entre le Gouvernement Français et les représentants Algériens. Nous savons bien que ces accords n’ont été que partiellement respectés : du côté algérien, ils ont été le point de départ de règlements de comptes et de massacres, du côté français, les activistes de l’OAS ont tout fait pour empêcher l’application de ces accords, au point qu’ils ont tenté de remettre en cause les institutions républicaines.

Malgré ces dérives, nous devons, je l’affirme, garder cette commémoration à cette date. Devrions-nous renoncer au 11 novembre, parce que la Grande Guerre, qui a vu tant d’actes héroïques, a été aussi un massacre inutile, dirigé parfois par des généraux incompétents, pour ne pas dire imbéciles ? Faut-il effacer la date du 8 mai, qui nous rappelle la victoire sur la barbarie nazie, parce que cette commémoration pourrait jeter un voile pudique sur la débâcle de 40, sur la collaboration pétainiste, sur les exactions de la milice ou des faux résistants, sur les dérives de l’épuration ?

Non la célébration de ces victoires ne doit pas nous dispenser du regard critique, du regard de l’Histoire sur la réalité de ces années terribles.

Choisir une autre date, n’importe laquelle d’ailleurs, permet sans doute de glorifier le combat des soldats français, de saluer la mémoire de toutes les victimes, mais le but inavoué n’est-il pas plutôt de donner à croire que, dans cette guerre, nous les Français nous serions exempts de tout reproche...

Gardons la date du 19 mars, même si les Algériens aujourd’hui la retiennent comme une date victorieuse, fondatrice de leur Etat. Oui, gardons le 19 mars, pour rappeler les accords d’Evian. C’est-à-dire l’aboutissement d’une négociation courageuse, voulue par le Général de Gaulle, parce qu’il avait compris que la paix des braves, selon son expression, était la seule issue honorable à ce conflit.

Bien sûr, on nous dit que la situation militaire était favorable. C’est possible, nos forces avaient peut-être gagné la bataille, mais qui peut gagner une guerre contre un peuple tout entier ?

Bien sûr, les violences, les attentats, les massacres ne se sont pas arrêtés immédiatement et les soldats se sont trouvés sous le feu croisé des acharnés des deux bords.

Bien sûr, nous ne devons pas oublier le drame vécu par les pieds-noirs qui ont dû quitter une terre à laquelle ils étaient attachés, pas plus que nous n’avons le droit d’oublier les harkis qui s’étaient engagés auprès des forces françaises et qui ont été massacrés sur place ou rapatriés en France et ensuite abandonnés par tous.

Alors n’oublions pas les faits : les combats, les embuscades, les bombes, les atrocités. Mais tâchons de les éclairer par la réflexion, sans parti-pris. Ainsi, on situe souvent le début de la Guerre d’Algérie au 1er novembre 54, mais n’avait-elle pas commencé le 8 mais 1945 - oui, je dis bien le 8 mai 1945 - quand la répresseion d’émeutes nationalistes à Sétif avait fait plusieurs milliers de victimes.

C’est tout cela que la commémoration du 19 mars 1962 nous force à analyser, à comprendre, à faire comprendre aux générations futures. Ce travail de vérité constitue un ciment puissant pour notre communauté nationale car il lui permet d’édifier de plus solides fondations pour son avenir.

Publié le lundi 15 mai 2006, par Paul Paboeuf.

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