Déchetteries, décharges, désinformation, démagogie

Qu’est-ce qu’une déchetterie ? Ce n’est pas un endroit où l’on met des ordures ménagères, ce n’est pas une « décharge » comme il y en eu de triste mémoire, où on jetait tout et n’importe quoi, sans aucun contrôle. C’est un espace aménagé, propre, gardienné, où les particuliers peuvent apporter et déposer des déchets de manière occasionnelle. L’apport d’ordures ménagères y est strictement interdit. On y reprend les déchets encombrants des ménages qui sont triés puis évacués. La déchetterie joue un rôle de transit et d’orientation des déchets vers une récupération, une réutilisation ou une élimination. Sur le plan de la réglementation, les déchetteries doivent être « déclarées »

La mise en place de déchetteries est un des outils pour réduire la masse totale des déchets et en particulier les déchets ultimes, ceux qu’il faut enfouir ou incinérer. Réduire les déchets à la source : acheter moins produits suremballés, composter dans son jardin grâce aux composteurs fournis par la Communauté, est le premier objectif à viser. Ensuite, trier et apporter en déchetterie tout ce qui peut être recyclé. Restera à traiter ce qui est déposé dans les bacs à déchets collectés par les bennes de la Communauté. Et au bout du compte, une facture qui au moins n’augmentera pas : c’est l’objectif de la démarche de « redevance incitative, » qui permettra d’ajuster ce que vous payez à ce que vous déposez comme déchets.

Pourquoi une nouvelle déchetterie ?

Encore faut-il qu’il y ait au plus près de chez vous, c’est-à-dire à une distance acceptable, la déchetterie où vous pourrez déposer les produits triés. Le territoire de la Communauté de Communes est doté d’une déchetterie à l’Epine, à côté du site de l’ancienne décharge dont la réhabilitation est pratiquement achevée. Le site de l’Epine est bien plus qu’une déchetterie et rassemble aujourd’hui plusieurs services liés aux déchets : le point de transfert des ordures ménagères collectées qui sont ensuite transportées en Mayenne, la plate-forme de compostage des déchets verts, le dépôt de déchets inertes (gravats) qu’on appelait autrefois une décharge de classe 3, et la déchetterie aménagée par le SIVOM qui dessert la population de l’Est de la Communauté.

Pour la partie Ouest de la Communauté, il y a trois écostations, le Flachec à Berric, la Chanterie à La Vraie-Croix, et Kervault à Questembert. Aucune de ces trois écostations n’est conforme aux prescriptions de l’ADEME qui a engagé une démarche de labellisation des déchetteries, qui conditionnera un soutien technique et financier. Mettre aux normes ces écostations serait un gouffre financier.

Il était donc nécessaire d’envisager la création d’une nouvelle déchetterie, comme l’a montré l’étude d’optimisation de la collecte des déchets confiée par le SIVOM à un bureau d’études spécialisé. Cette étude a défini une zone d’implantation plutôt du côté de Bel Air.

De là, l’hypothèse de mettre ce nouvel équipement auprès de la voie ferrée à Cléherlan. Implanter ce nouvel équipement sur un terrain appartenant à la Communauté de Communes (racheté à Evialys) semblait naturel ; ce terrain est classé en zone Ui depuis la création du POS (Plan d’Occupation des Sols) en 1979. Il présentait surtout l’avantage de se trouver au centre du territoire qui doit être desservi par la nouvelle déchetterie.

Le seul point dur, que tout le monde avait perçu, résidait dans la traversée du village du Godrého ; mais l’aménagement prochain de la ZI entre la gare et l’usine Guyomarc’h aurait apporté une solution. Par ailleurs toutes les routes départementales supportent un trafic de plus de 2000 véhicules/jour avec de nombreux camions et la D775 du côté de la gare est à 7000 véhicules/jour. Une déchetterie c’est au grand maximum 250 voitures/jour et deux ou trois camions.
Les autres risques invoqués, les odeurs, le bruit, les incendies, les visiteurs indésirables, la perte de valeur des biens immobiliers, sont des fantasmes ou au mieux des dramatisations exagérées. Mais tout cela a suffi à mettre le feu et à déclencher une fronde et fait bien l’affaire de l’opposition, qui reprend, sans la moindre honte, les arguments des riverains. Comment par exemple peuvent-ils s’étonner qu’il y ait des habitations à proximité (encore faudrait-il définir ce que veut dire proximité !) alors qu’ils ont approuvé à l’unanimité le PLU, qui n’apportait aucun changement au POS dans ce secteur ? Ils ont aussi entretenu les confusions entre la réalité des déchetteries d’aujourd’hui et les décharges d’hier. La démarche citoyenne dont ils se réclament devrait marquer plus de mesure et éviter les amalgames, la désinformation et la démagogie.
Mais en fait, j’espère qu’ils ne suivront pas mon conseil : leur attitude ne les honore pas et en fin de compte nous rend service.

Cependant, avec François Hervieux, vice-président de la CC en charge des déchets, et le comité consultatif, nous avons choisi de faire préciser l’étude d’optimisation de la collecte en mesurant les avantages et les inconvénients des sites possibles. Pour ma part, il me semble qu’il faut tenir compte du nombre d’habitants desservis, comme par exemple, pour un commerce, on cherche à définir la « zone de chalandise » : combien y a-t-il de « clients » dans un rayon de 5 minutes, combien à 10 minutes et combien au-delà ? C’est probablement un aspect que le bureau d’études sera amené à considérer avec attention.