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19 mars 2013 : reconnaissance officielle

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La cérémonie du 19 mars revêtait cette année un caractère particulier : pour la première fois, le 19 mars est reconnu comme une date officielle. La loi adoptée définitivement le 8 novembre par le Sénat en fait la « journée nationale du souvenir en mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc. »

Voir en ligne : Le site de la FNACA

Une revendication des anciens d’Algérie

La proposition de loi avait déjà été votée par l’Assemblée en 2002 sous le gouvernement Jospin, mais elle n’avait pas été mise à l’ordre du jour du Sénat, alors majoritairement à droite.

Après sa validation par le Conseil Constitutionnel, suite au recours déposé par des députés et des sénateurs, la loi est définitivement adoptée. Mais il en a fallu du temps. Dès les années soixante, les anciens d’Algérie, rassemblés dans la FNACA, ont milité pour la reconnaissance du 19 mars, jour du cessez-le-feu prononcé après la signature des accords d’Evian, entre la France de de Gaulle et le Gouvernement provisoire de la république algérienne (GPRA).

Une guerre sans nom, une guerre sans date

Il a fallu attendre 1999 pour que le Parlement accepte de donner le nom de guerre à ce qui n’était jusqu’alors « qu’événements, pacification, ou maintien de l’ordre. »
Mais elle restait une guerre sans date. Et jusqu’à présent, par craintes de froisser, de déplaire aux différents groupes mémoriels, c’est la date du 5 décembre qui depuis 2002 avait été finalement retenue en France en guise de « journée nationale d’hommage aux morts pour la France pendant la guerre d’Algérie, au Maroc et en Tunisie". Une date qui ne correspond à aucun événement notable, à rien d’autre sans doute que la volonté de trouver un consensus mou susceptible de ne pas raviver plus encore les feux mal éteints de ces souvenirs douloureux.

Apaiser les tensions

Faire du 19 mars une « journée souvenir de la Guerre d’Algérie » donne plus de cohérence à la reconnaissance de cette page sombre de notre histoire commune. Mais elle ne fera toujours pas l’unanimité...
Elle sera difficilement acceptée par les anciens de l’armée de métier, qui revendiquent d’avoir eu à cette époque la maîtrise du terrain. Elle sera violemment rejetée par les nostalgiques de l’Algérie française et les partisans de l’OAS. Elle ne satisfera pas non plus la communauté des « Pieds noirs » rapatriés dont plusieurs centaines d’entre eux ont laissé la vie sur leur terre natale dans les semaines qui suivirent la signature des Accords d’Evian, entre le 19 mars et le mois de juillet 1962...
Elle n’effacera pas le souvenir des harkis abandonnés par la France et qui seront considérés comme des traites par le FLN et massacrés par milliers.

Mais je forme le vœu que cette journée du « souvenir » puisse servir à cicatriser les plaies, à rapprocher les mémoires douloureuses et à marquer symboliquement la fin de cette tragédie. Il ne faudrait pas qu’elle serve à raviver les tensions et les douleurs, à rouvrir les plaies et à donner du grain à moudre à tous les extrémismes. Car alors elle ferait plus de mal encore que le flou qui régnait jusqu’ici.

Des absences surprenantes

Pour ma part, j’avais participé chaque année à la cérémonie du 5 décembre décidée par le président Chirac. Sans enthousiasme, mais dans le respect des lois de mon pays. J’aurais aimé que, respectant les choix démocratiques exprimés par nos représentants au Parlement et validés par une loi, toutes les autres associations participent à la cérémonie officielle du 19 mars.

Publié le mardi 26 mars 2013, par Paul Paboeuf.

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